Varsovie veut-elle barrer la route aux ONG critiques ?
La Pologne a inscrit la présidente de l’ONG Open Dialog Foundation, l'Ukrainienne Lyudmyla Kozlovska, dans le système d'information Schengen (SIS), un ficher informatique recensant les personnes indésirables dans l’espace Schengen, "pour des raisons de sécurité". Kozlovska a ainsi été refoulée à Bruxelles et a dû retourner dans son pays. Les journalistes sont divisés quant aux motivations de Varsovie.
Le PiS suit les exemples de Moscou et de Budapest
Roman Imielski, du service politique de Gazeta Wyborcza, estime que le PiS se venge de l'Open Dialog Foundation, qui a soutenu les protestations contre le gouvernement :
« C'est un avertissement envoyé à toutes les ONG travaillant en Pologne. … Nombre de politiques du PiS ont observé avec une jalousie non dissimulée comment Poutine s'est débarrassé des ONG en Russie et comment le Premier ministre hongrois Viktor Orbán l'a imité. … Je ne crois pas que l'expulsion de Kozlovska soit due à des 'raisons de sécurité'. Je pense qu'il est question de la sécurité du PiS. Mais le gouvernement peut bien me convaincre du contraire. Il suffit qu'il me montre les preuves que l'expulsion de la présidente de l'Open Dialog Foundation était justifiée. … Un Etat démocratique se doit, contrairement à un système autoritaire, de rendre des comptes au peuple souverain.»
Ne pas tirer de conclusions hâtives
Dans Gazeta Polska Codziennie, le journaliste Grzegorz Wszołek estime que l'agitation autour de Kozlovska est totalement déplacée :
«Nous ne savons rien des détails, mais une partie des médias en fait déjà une affaire. Ils doivent toutefois reconnaître aussi que personne ne connaît les raisons de l'interdiction d'entrée sur le territoire. Bartosz Kramek, le mari de la militante ukrainienne, prête au PiS des mobiles politiques et l'accuse de vouloir se venger parce que la fondation a protesté contre la réforme de la justice. Je comprends l'émoi du couple, qui ne dissimule pas sa position à l'égard du gouvernement polonais depuis 2015. Mais je m'étonne de la réaction des journalistes. Ils prennent pour argent comptant les discours sur de soi-disant 'standards russes'. Or il faudrait découvrir de quoi il est réellement question.»