Autriche : un ministre FPÖ veut museler les médias critiques
Dans une circulaire envoyée à la police autrichienne, le ministre de l'Intérieur, Herbert Kickl, affilié au parti d'extrême droite FPÖ, a demandé aux services de police de ne plus fournir que les informations les plus élémentaires aux médias dits critiques. Il exige par ailleurs que les futurs communiqués de la police fassent dorénavant mention de la nationalité des suspects ainsi que des informations relatives à leur statut de séjour. La presse du pays fulmine.
Une attaque frontale contre la liberté de la presse
Le courriel du ministre de l'Intérieur bafoue un droit fondamental, déplore Der Standard :
«C'est un euphémisme de dire que les rapports entre les médias sérieux et le FPÖ sont tendus. Car disons-le sans ambages, le FPÖ considère les journalistes critiques comme ses ennemis jurés, et les qualifie de 'tâcherons gauchistes à la botte du système'. Que cela plaise ou non, la liberté d'expression autorise ce genre de déclarations. Ce qui se trame au ministère de l'Intérieur sous Kickl en revanche est une attaque frontale contre la liberté des médias.»
Le ministre de l'Intérieur veut plomber la démocratie
Le ministre de l'Intérieur ne peut rester en poste, commente le journal Kurier, qui est nommé dans les mails de Kickl :
«Kickl se crée son propre univers médiatique ; il mobilise aux frais du contribuable des cameramen qui encensent son action sur le site Internet du ministère ou sur Facebook. Dans le même temps, il cherche à empêcher les journalistes intègres de faire leur travail. Sur le site Web du fameux prix Pulitzer, qui récompense le journalisme de qualité, on peut lire ce qui suit : 'Le journalisme d'investigation éclaire l'opinion publique, en rendant publiques des informations relatives au gouvernement et aux institutions privées qui seraient sinon passées sous silence.' Contraindre les puissants à répondre de leurs actes : voilà ce que devraient faire des médias libres dans un pays libre. Quiconque s'y oppose cherche à restreindre les libertés et à instaurer en réalité un autre système politique.»