Trump place les réfugiés au cœur de sa campagne
A quelques jours des élections de mi-mandat, le président américain Donald Trump a annoncé vouloir déployer jusqu'à 15 000 soldats à la frontière sud du pays. Il compte ainsi décourager des milliers d'exilés qui prennent actuellement la route des Etats-Unis depuis le Mexique. Le verrouillage des frontières n'aura aucun bénéfice sur la sécurité du pays, soulignent certains journalistes. D'autres approuvent l'action de Trump.
Trump : râpeux mais sincère
Sur le volet de l'immigration, Trump n'a pas entièrement tort, estime Die Welt :
«Pourquoi existe-t-il des frontières, si n'importe qui peut les franchir à sa guise ? Mis à part l'Allemagne en 2015, quel Etat autorise-t-il des milliers d'immigrés à entrer sur son territoire sans contrôle ni procédure légale ? ... Comment faire pour éviter que 2015 ne se reproduise ? Sans se voiler la face : en refermant les frontières en cas de crise, au niveau national ou européen. C'est exactement ce que fait Trump outre-Atlantique, et c'est aussi ce que font les Allemands, mais de manière plus dissimulée. Ils recherchent des partenaires à l'extérieur de l'Union européenne pour faire le sale boulot et s'occuper de la défense des frontières - de la Serbie à la Turquie en passant par la Libye et le Maroc. Trump ne fait que témoigner son honnêteté, de manière parfois crue.»
L'épicentre d'un débat polarisé
Les migrants honduriens deviennent un enjeu électoral, observe Upsala Nya Tidning :
«Les immigrés venus d'Amérique centrale - souvent sans papiers - ont souvent été considérés comme des citoyens de seconde zone, mais essentiels pour l'économie. … Tous les présidents américains ont voulu combattre l'immigration clandestine, en laissant cependant un certain nombre de failles. ... Depuis le 9 novembre 2016, l'épée de Damoclès est désormais suspendue au-dessus de toutes les têtes, y compris celles d'individus qui vivent aux États-Unis depuis plusieurs générations. Trump porte toute son attention à la 'caravane' d'exilés, devenue le cœur d'un débat politique polarisé. ... Le philanthrope George Soros a-t-il soudoyé les Honduriens pour qu'ils passent la frontière américaine à bord de camions ou à la nage ? Un exemple parmi d'autres des questions sérieusement débattues à quelques jours des élections dans la plus grande puissance économique mondiale.»
Un excellent moyen de semer la panique
La colonne de réfugiés honduriens est l'occasion pour la droite d'ici et d'ailleurs d'affûter son discours anti-réfugiés, fustige le portail de centre-gauche Mérce :
«Notre député István Hollik du parti démocrate chrétien KDNP a désigné le flux de réfugiés partis du Honduras de 'Soros Express', insinuant ainsi que George Soros les avait payé pour se mettre en route. Aux Etats-Unis, les citoyens s'alarment et redoutent une 'occupation'. Trump a promis de dépêcher entre 10 000 et 15 000 soldats à la frontière mexicaine pour arrêter la 'caravane', en arguant que les réfugiés n'étaient pas des Honduriens, mais des terroristes du Moyen-Orient. Il a avoué un peu plus tard qu'il n'avait aucune preuve à l'appui.»
Le repli sur soi ne va pas augmenter la sécurité des USA
La charge de Trump n'aura aucune incidence sur la sécurité aux Etats-Unis, estime La Libre Belgique :
«Toutes ces initiatives répondent à un seul objectif : faire de la sécurité le thème décisif des législatives et empêcher les Démocrates de reconquérir une majorité à la Chambre, sinon au Sénat. Les Républicains avaient adopté une stratégie comparable après le 11 septembre 2001. Toutefois, les études révèlent que les trois quarts des actes de terreur commis depuis lors n’ont pas été perpétrés par des "envahisseurs" latino-américains, ni par des djihadistes ou autres étrangers malfaisants, mais par des citoyens américains proches de l’extrême droite. Comme le remarquait mercredi soir Don Lemon sur CNN, "la plus grande menace terroriste dans ce pays, c’est l’homme blanc".»