Trump à l'épreuve des midterms
Deux ans après l'accession de Trump à la présidence, le 8 décembre 2016, les citoyens américains sont appelés aux urnes ce mardi pour les élections du Congrès. Ce scrutin tient traditionnellement lieu de baromètre à la mi-mandat. Les chroniqueurs conjecturent la réaction de Trump en cas de majorité démocrate à la Chambre des représentants.
Une neutralisation des deux chambres serait le mieux
The Daily Telegraph pense qu'un partage des majorités serait le garant d'un équilibre entre démocrates et républicains au congrès :
«Les sondages prédisent que les républicains conserveront probablement le contrôle du Sénat tandis que les démocrates décrocheront suffisamment de districts pour s'emparer de la Chambre des représentants. Résultat : il n'y aura pas de gagnant clair. Et c'est peut-être la meilleure des issues. Une chambre basse démocrate demanderait des comptes au président, mais un Sénat républicain empêcherait la chambre basse de le destituer - un acte susceptible de plonger le pays dans une sorte de guerre civile.»
Turbulences en vue pour le reste du monde
Troud évoque un effet pervers si l'agenda national de Trump était freiné par des vents contraires :
«Si les démocrates sont majoritaires à la Chambre des représentants, ils prendront le contrôle des finances et d'une partie des postes clés à la tête de commissions. Cela risque de compromettre sérieusement les plans nationaux de Trump - des changements législatifs prévus à la réforme fiscale, en passant par l'approbation du financement par le budget public de la construction du fameux mur à la frontière avec le Mexique. Si les démocrates enrayent les projets nationaux de Trump, on est en droit de croire qu'il portera toute son attention au reste du monde, pour ébaudir ses partisans ces deux prochaines années. Et c'est nous qui trinquerons.»
Après les élections, la campagne commence
Pour Massimo Gaggi, correspondant de Corriere della Sera aux Etats-Unis, l'issue de ce scrutin sera déterminante pour la campagne présidentielle 2020 :
«Le scénario le plus probable, la victoire des démocrates à la Chambre des représentants, causerait pas mal de problèmes à Trump, qui perdrait sa majorité parlementaire. De plus, il devrait faire face à des enquêtes parlementaires en série poursuivant un but ultime : sa destitution. Mais cela lui permettrait aussi de transformer la campagne 2020 en une guerre des tranchées, sa spécialité, et d'imputer aux démocrates la responsabilité de la fin du boom économique qui se profile à l'horizon. ... Dans le cas peu probable d'une victoire des démocrates et à la Chambre des représentants et au Sénat, les choses se compliqueraient encore plus et la pression pour la destitution augmenterait. ... La tentative de 'défenestrer' le président deviendrait inévitablement le cœur de la campagne 2020.»
Un antagonisme qui paralyse la vie politique
Indépendamment de l'issue du scrutin, les Etats-Unis resteront un pays divisé, fait valoir Finanz und Wirtschaft :
«Les républicains représentent l'Amérique blanche, rurale et conservatrice ; les démocrates en revanche représentent l'Amérique de la diversité, urbaine et libérale. Si ce clivage n'est pas nouveau, il s'est accentué au fil des dernières décennies. Tout l'éventail des médias - de la radio à la télévision en passant par Internet et les médias sociaux - a encore forcé le trait. Sous leur effet, les deux groupes vivent dans des mondes parallèles, chacun abreuvé de faits et de vérités distinctes. Plus qu'un parti, l'adversaire politique est l'ennemi, celui qui cherche à détruire les valeurs et les convictions de l'autre. C'est tragique car certaines questions spécifiques comme la consolidation du système de santé ou la restriction du port d'arme, font consensus dans la population. C'est la situation politique actuelle qui empêche tout rapprochement.»
La démocratie revitalisée
Dans De Morgen, le spécialiste de l'Amérique Frans Verhagen espère que la division des Etats-Unis ne sera pas inexorable :
«Le plus grand mérite de ces élections est d'avoir dégagé énormément d'énergie. Le taux de participation sera supérieur à celui des scrutins de 2010 et de 2014, ce dont personne ne peut se plaindre. ... Un président et un parti auxquels, en raison de leur comportement et de leurs déclarations, on ne peut pleinement confier la démocratie, ont amené des millions de personnes à se mobiliser et à s'impliquer dans la démocratie. C'est déjà en soi une victoire, même si dans un premier temps, elle a révélé de profonds fossés. La prochaine étape commencera mercredi, une étape nécessaire pour empêcher une déception délétère : donner forme à une alternative sérieuse - une alternative qui rapproche au lieu de diviser.»
Trump peut dormir sur ses deux oreilles
Trump n'a pas de souci à se faire, estime le portail de la radio publique Český rozhlas :
«Trump a le vent en poupe, du moins est-ce l'impression qu'il suscite. Par ailleurs, ses partisans lui pardonnent tout. D'après un sondage Gallup, sa popularité a augmenté de 25 pour cent et s'élève désormais à 44 pour cent. C'est plus que la côte de popularité de Clinton ou de Reagan après deux ans de mandat, et c'est presque autant qu'Obama ; ces trois présidents avaient tous décroché un second mandat. L'économie est inhabituellement florissante, ce qui constitue un argument de poids pour Trump. Elle croît actuellement à un rythme de quatre pour cent. Un chiffre dont personne n'oserait même rêver en Europe occidentale. Et qui explique que le chômage atteigne son plus bas niveau depuis 50 ans. Les partisans de Trump prétendent que le mérite en revient en premier lieu au président, estimant qu'il a considérablement fait baisser les impôts, protégé le marché américain et su mettre efficacement sous pression les partenaires étrangers.»
Une polarisation croissante
Helsingin Sanomat s'attend à un regain de tensions politiques, quelle que soit l'issue des élections :
«Si les républicains préservent leur majorité à la Chambre des représentants, on peut s'attendre à ce que Trump durcisse un peu plus sa ligne politique, qu'il teste son pouvoir au sein de la nouvelle Cour suprême américaine, désormais majoritairement conservatrice, et qu'il se sépare des modérés au sein de sa propre administration, comme le ministre de la Défense, James Mattis. Si par contre les démocrates y obtiennent la majorité, on peut gager que le parti lancera des enquêtes quant au patrimoine de Trump, et, si la procédure en cours sur les liens avec la Russie le permet, qu'il intentera une action pour abus de pouvoir contre le président, même si ces accusations devaient in fine être rejetées par le Sénat.»
La peste ou le cholera
Démocrates et républicains n'ont rien à proposer aux citoyens américains, estime Večer :
«Les démocrates, qui ont perdu la majorité à la Chambre des représentants dès 2014 avant de perdre la loterie présidentielle en 2016 avec la candidature Clinton, ne savent pas vraiment sur quel pied danser. Les Américains peuvent se décider entre deux options d'ici mardi : l'option patriotique mais bornée du républicain Donald Trump et l'option de l'ouverture démocrate, toutefois dénuée de véritable vision et aux contenus insipides. Aucune de ces deux options n'est réjouissante ; les électeurs auront le choix entre la peste et le choléra.»