France : mobilisation contre la hausse du prix des carburants
Sur les réseaux sociaux, plusieurs groupes citoyens ont appelé à mener samedi des actions et des blocages routiers sur l'ensemble du territoire français. A l'origine de cette mobilisation, la hausse des prix des carburants. Les 'gilets jaunes', comme ils se désignent, sont devenus le symbole de la fronde des automobilistes français. S'agit-il d'une contestation justifiée ou d'une mécompréhension des réformes ?
Retour de manivelle
La révolte couve en France, peut-on lire dans Le Figaro :
«Le chef de l'Etat n'est pas la seule cible de cette nouvelle révolution française, qui ouvre l'acte I d'un scénario improvisé. L'égotisme de Macron n'a fait qu'exacerber les incompréhensions entre la France d'en haut et celle d'en bas. ... Une révolution démocratique, populaire, girondine se dessine. Déjà, les dirigeants ne dirigent plus vraiment. Ils vont devoir apprendre à écouter le peuple. La belle affaire ! Voilà ce qui arrive aux 'élites' quand elles diabolisent les 'populistes'.»
Des contribuables moins imposés
Le Point est convaincu que Macron mène une politique économique judicieuse :
«Il faut dire que les Français ont tout juste commencé, début novembre, à constater le plein effet bénéfique de la politique fiscale macroniste en recevant leur fiche de paie d'octobre. ... Les impôts baissent, même lentement. En net, malgré l'augmentation des taxes sur le carburant, ils devraient avoir diminué de 10 milliards d'euros pour les ménages d'ici à 2022 et autant pour les entreprises. Et cela, si tout va bien, en faisant baisser la dette de 5 points. Autrement dit, sans faire payer la facture de notre pouvoir d'achat par les générations à venir.»
Une taxe pseudo-écologique aux dépens des plus modestes
La hausse de la taxe sur les carburants est une mesure peu judicieuse, juge Libération :
«Le gouvernement Philippe n'a pas pris la mesure du ras-le-bol de celles et ceux qui n'ont d'autre choix que d'utiliser leur voiture (déjà chauffés à blanc par la limitation de la vitesse à 80 km/h). Et surtout qu'il ne respecte pas sa promesse de verdir par ce biais sa politique : selon notre décompte, seul un quart de ces recettes fiscales servira à financer la transition écologique. Il y a donc bien tromperie sur la marchandise, et surtout manque de réflexion et de réactivité en amont. ... Oui, il est important de limiter notre consommation de pétrole via des taxes. Non, il n'est pas juste d'en faire porter le poids aux plus modestes. Si l'on ne veut pas transformer la fiscalité écologique en chiffon rouge, il est urgent de rectifier le tir.»
Un moindre mal
Le quotidien Les Echos appelle pour sa part Macron à ne pas renoncer à la hausse de la taxation des carburants :
«Face aux assauts de démagogues s'indignant de l'envolée des prix des carburants sans rien proposer d'autre que de continuer à subventionner la pollution - y compris, comme les Républicains, sous la forme d'un 'chèque carburant' ! - , le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, défend une ligne politique dont la cohérence mérite d'être saluée : assumer l'essence chère mais mieux aider financièrement les automobilistes à changer leur vieille voiture sale pour une voiture neuve plus propre. ... C'est douloureux pour des millions de Français, notamment de province, qui n'ont guère d'autre moyen d'aller travailler. Mais c'est un moindre mal.»