Les démocrates peuvent-ils nuire à Trump ?
Alors que l'administration américaine reste partiellement paralysée en raison du "shutdown", les deux chambres du Congrès américain siègent ce jeudi pour la première fois dans leur nouvelle configuration. Les démocrates contrôlent désormais la Chambre des représentants, tandis que les républicains de Trump conservent leur majorité au Sénat. Les commentateurs décrivent de quelle manière les démocrates devraient exploiter leur nouvelle force.
Pas d'excès de zèle
Les démocrates devraient user de leur nouveau pouvoir avec prudence, estime Gazeta Wyborcza :
«La prise de contrôle de la Chambre des représentants permet aux démocrates de mieux tenir Trump à l'œil. … Cette dernière peut également engager la procédure d'impeachment, qui pourrait pousser le président à quitter ses fonctions. Dans le contexte politique actuel, cette initiative n'a toutefois que très peu de chance d'aboutir, car c'est au final le Sénat [à majorité républicaine] qui décide de la destitution. En outre, on ne peut exclure qu'une telle tentative de la part des démocrates leur fasse plus de mal que de bien. Car dans sa campagne en 2020, le président pourrait les présenter comme des aventuriers de la politique, qui nuisent à la volonté de la nation par des combines juridiques.»
Accompagner Trump jusqu'au précipice
Le spécialiste des Etats-Unis Frans Verhagen explique dans NRC Handelsblad les défis qui attendent les démocrates américains :
«Les démocrates doivent mener une politique à la fois critique et positive. Si Trump était amené à perdre même ses partisans les plus fidèles, les démocrates devraient montrer qu'il existe une autre option qui laisse entrevoir une bonne gouvernance. D'ici que les candidats à la présidentielle se soient tous officiellement présentés l'année prochaine, les démocrates devront s'accommoder du reproche qu'ils n'ont pas grand-chose à opposer au bulldozer Trump. Un reproche aussi justifié qu'injustifié. Dans un régime présidentiel, il est souvent difficile pour l'opposition de mettre en avant son action. La priorité cette année est d'accompagner Trump jusqu'au bord du gouffre, jusqu'au point où on n'ait même pas besoin de le pousser, mais où il tomberait de lui-même.»
Le président laisse lui même présager son déclin
Au vu des évolutions actuelles, il est peu probable que Trump obtienne un second mandat, juge la correspondante de Handelsblatt aux Etats-Unis Annett Meiritz :
«Au lieu de reconsidérer au moins en partie son populisme implacable, Trump se débat désormais sur plusieurs fronts et semble de plus en plus aux abois. … S'ajoute à cela la menace de circonstances difficiles qui plane sur 2019. La reprise économique pourrait marquer le pas, et de mauvais indicateurs économiques pourraient plomber sa campagne électorale. Au Congrès, le président doit faire face à une opposition renforcée et extrêmement motivée, qui ne cessera de revenir à la charge en ouvrant des enquêtes sur ses flux financiers et ses affaires douteuses. Une procédure d'impeachment reste peu probable. … Mais si les démocrates agissent avec habileté et concertation, ils peuvent maintenir une pression constante.»