Plus de pouvoir pour les démocrates – Trump sous pression ?
Lors des élections au Congrès aux Etats-Unis, les démocrates ont obtenu la majorité à la Chambre des représentants, tandis que les républicains ont consolidé leur contrôle du Sénat. Les journalistes s'interrogent sur l'influence que les nouveaux rapports de force pourraient exercer sur le style politique.
Guéguerres et démagogie à venir
La confrontation entre les deux camps se poursuivra après les élections de mi-mandat, craint Die Presse :
«Ça ne va pas être joli. Les conclusions prochaines du procureur spécial Robert Mueller concernant les connexions de l'équipe de Trump avec la Russie vont dégénérer en guéguerre, avec à la clé un appel à engager une procédure de destitution à l'encontre du président. Les démocrates, dopés par leur triomphe à la Chambre des représentants, se trouvent quant à eux face à un long processus de sélection de leurs candidats à la présidentielle. Ils devront ce faisant trouver leur voie entre modérés et progressistes, et façonner l'image de leurs champions. Kamala Harris, Cory Booker ou encore Beto O'Rourke : les espoirs et les étoiles montantes ne manquent pas. Ceux qui pensaient que le sommet de la démagogie avait été atteint se trompent donc.»
Affaibli mais toujours dangereux
Daily Sabah redoute les effets pervers d'une consolidation de l'opposition :
«Moins Trump voit l'opposition comme une menace, moins il est probable qu'il adopte une approche agressive. Ce n'est plus un secret que Trump, chaque fois que son gouvernement est remis en question ou perd de sa légitimité au sein de la politique, monte à l'assaut en se lançant dans un jeu de pouvoir. C'est pourquoi les résultats de ces élections vont conduire directement Trump à poursuivre cette même politique agressive avec laquelle il pensait justement les remporter.»
Un apaisement grâce aux femmes ?
Népszava se demande si la part accrue de femmes à la Chambre des représentants aura une influence sur la future politique des Etats-Unis :
«Nous verrons si leur présence apaisera et calmera les nombreuses têtes brûlées du Congrès. Nous verrons aussi si les femmes politiques parviennent plus facilement à un compromis lorsqu'il est question de résoudre les problèmes du pays. En tout cas une chose est certaine : la future présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, jouera un rôle déterminant dans les bras de fer inévitables auxquels il faut s'attendre avec la Maison Blanche et le Sénat. Dure à cuire et à toute épreuve, il n'est pas surprenant que les républicains tentent depuis des années de la dénigrer.»
L'heure est à la politique pragmatique
Financial Times déconseille aux démocrates d'aller à la confrontation à l'égard du président Donald Trump :
«Si les deux prochaines années sont dominées par des luttes partisanes à Washington, il est probable que le désamour de la population vis-à-vis de la politique ne fera que croître. Les démocrates pourraient être durement touchés par la réaction de l'opinion. Les dirigeants politiques des deux bords au Congrès devraient plutôt essayer de se concentrer sur les problèmes qui concernent tous les Américains - quel que soit leur parti, leur origine ethnique ou leur genre - à savoir l'économie, la santé et l'état des infrastructures.»
Un droit de réponse
Les démocrates regagnent une partie de leur influence, analyse le site de la BBC :
«Ce n'aura pas été le tsunami que beaucoup à gauche espéraient, mais une marée montante qui a amené suffisamment de victoires aux démocrates pour leur donner le contrôle de la chambre basse - pour la première fois depuis huit ans. Cela signifie qu'ils peuvent désormais enrayer le programme législatif de Trump. Par ailleurs, le Congrès se voit conférer des possibilités bien plus nettes de contrôler l'administration. Les fossés politiques qui divisent l'Amérique se creusent de plus en plus. Après une traversée du désert de deux ans, les démocrates ont un moyen de se défendre.»
Une trumpisation du personnel politique
Pour Bas Blokker, correspondant de NRC Handelsblad à Washington, il n'y a pas lieu de parler d'une véritable victoire des démocrates :
«L'élection de Donald Trump à la présidence en 2016 n'a donc pas été un accident. Les démocrates ont certes pris la Chambre des représentants, mais Trump a limité les pertes des républicains en s'investissant avec fanatisme dans cette campagne. ... Les résultats d'hier montrent un report au profit de Trump. Dans plusieurs districts, des députés républicains modérés ont perdu leur mandat. ... Le camp républicain à la Chambre des représentants est devenu encore plus trumpien. Même tendance au Sénat.»
Vetos, blocages, immobilisme
24 Chasa craint que la conquête de la Chambre des représentants par les démocrates ne rende la situation encore plus inextricable :
«Les élections n'auront aucun effet si ce n'est une exacerbation de la lutte que se livrent républicains et démocrates aux Etats-Unis. La Chambre des représentants bloquera le président et le Sénat. Le président, le Sénat et la Cour Suprême, de leur côté, bloqueront la Chambre des représentants. Il y a fort à parier qu'un arrêt des financements entraînera une paralysie administrative [shutdown]. Les démocrates essaieront de détricoter sur une partie de la réforme fiscale. Ce à quoi il répondra en mettant son veto, et ainsi de suite.»
Le président saura-t-il transiger ?
Protagon doute que Trump saura composer avec les nouvelles majorités :
«C'est un tournant. ... A ces élections de mi-mandat, les Américains ont envoyé à Trump un message résolu. Le 45e président des Etats-Unis l'entendra-t-il ? Rien n'est moins sûr. Trump n'est pas du genre à écouter. Il est acculé à devoir coopérer, maintenant que les démocrates peuvent bloquer son travail législatif. Pour adopter des projets de loi, il lui faudra être ouvert au consensus. Et contrairement à son prédécesseur, Trump n'est pas homme à consentir à des compromis - au contraire.»