La Lituanie menacée par la censure ?
Le Parlement lituanien discute actuellement d'une proposition avancée par la commission travaillant sur la radio-télévision, et qui ambitionne d'interdire la propagation d'informations jugées 'néfastes' pour le pays. Redoutant les excès qu'une définition aussi vague est susceptible d'engendrer, les éditorialistes tirent la sonnette d'alarme.
Il sera interdit de critiquer le gouvernement
L'enfer est pavé de bonnes intentions, prévient Lietuvos žinios :
«Les amendements proposés favoriseraient la lutte contre la désinformation et correspondraient aux nouvelles directives européennes - voilà l'argumentaire avancé. Or sous leur forme actuelle, ils peuvent entraver le travail quotidien des journalistes et porter atteinte à la démocratie. Les informations concernées sont celles 'qui nuisent à l'Etat, à ses institutions, à la constitution démocratique, à la défense du pays et à l'identité nationale' une formulation particulièrement problématique. ... Par ailleurs, le projet visant à interdire toute 'tentative d'attiser le mécontentement vis-à-vis de l'Etat lituanien' est le plus dangereux. On y décèle la volonté de proscrire toute critique à l'encontre du gouvernement.»
Les journalistes ont attisé la peur
Delfi exhorte les médias à balayer devant leur propre porte :
«Les journalistes fustigent une atteinte à la liberté de la presse. Ils feraient pourtant bien de se demander s'ils n'ont pas contribué, eux-aussi, à l'émergence de ce 'délire de persécution', qui nuit à la démocratie. Au lieu de réclamer des preuves relatives aux incriminations constantes de la Russie, ils n'ont eu de cesse d'écrire des articles partiaux sur la menace russe. De ce point de vue, ils ne divergent pas beaucoup de certains experts et politologues. Si ceux-ci sont fiers de leurs opinions critiques du gouvernement, ils prennent pour argent comptant tout ce qui est écrit au sujet de la Russie.»