Autriche : que penser de l'interdiction des sacs plastique ?
Le gouvernement autrichien avait décidé fin 2018 une interdiction des sacs en plastique. Il compte à présent engager avec le commerce les négociations sur la mise en œuvre de cette mesure. La ministre de l'environnement, Elisabeth Köstinger (ÖVP, conservateur), entend faire une croix définitive sur les déchets plastiques. Et d'affirmer qu'à elle seule, cette mesure devrait permettre d'éviter de 5 000 à 7 000 tonnes de déchets. Les commentateurs doutent toutefois de l'efficacité de l'interdiction.
Une goutte d'eau dans une mer de plastique
Der Standard reste sur sa faim :
«L'Autriche s'y prend avec bien trop d'années de retard pour pouvoir se targuer d'être une pionnière. Ce titre sied mieux à des pays comme le Rwanda ou le Bangladesh. Les sacs plastique ne sont toutefois que la partie émergée de l'iceberg. Il serait facile de limiter leur volume en Autriche, d'autant plus que beaucoup d'enseignes ont déjà déblayé le terrain en renonçant aux sacs en plastique sur une base bénévole. En outre, si les objectifs sont ambitieux, ils n'ont aucun caractère contraignant. Il importerait plus de maîtriser l'explosion incontrôlée de bouteilles en plastiques PET. Les pays scandinaves et l'Allemagne ont pris une avance considérable en adoptant des systèmes de consigne très opérationnels. Or l'Autriche n'a pas le courage politique requis.»
Un militantisme écologiste absurde
Kurier critique l'interdiction pour d'autres raisons :
«Entre tous les pays, l'Autriche est exemplaire pour sa discipline dans le tri des déchets. Fin décembre, la société de recyclage Altstoff Recycling Austria AG (ARA) annonçait des chiffres records : elle avait collecté 645.000 tonnes de papier, 232.500 tonnes de verre et 176.200 tonnes d'emballages plastiques. Face à des continents asiatique et africain qui gèrent les déchets plastiques de manière bien moins responsable, brûlant des millions de tonnes de plastique sur le bord de la route ou laissant à la prochaine mousson le soin de s'en débarrasser dans les océans, il est facile de convaincre la population autrichienne d'adhérer à n'importe quelle campagne écologique. Quand bien même il s'agirait de la forme la plus pure de populisme. Mais dans ce pays, la chimie et la technique sont toujours mal vues.»