40 ans de Révolution islamique en Iran
L'Iran organise actuellement de grandes manifestations pour célébrer le début de la Révolution islamique. Le 11 février 1979, l'ayatollah Khomeini avait proclamé la république après la destitution du Shah. Qu'en est-il de la soif de liberté des Iraniens aujourd'hui ?
Pas d'autre révolution à l'horizon
40 ans après la révolution, la population iranienne est lasse de se battre, affirme dans Der Standard l'expert de l'Iran Adnan Tabatabai :
«Elle est minée d'une part par l'intransigeance de ses dirigeants et d'autre part par les égarements de la diplomatie forcée de l'Occident. Depuis longtemps déjà, la tendance à une certaine 'apolitisation' semble s'installer. Elle n'engendrera pas de nouvelle insurrection. Tout le monde craint trop le chaos et l'agitation. Depuis longtemps déjà, les revendications sont revues à la baisse. Au lieu de réfléchir à des réformes et à un processus de libéralisation politique, la stabilité et la sécurité économiques sont les seuls facteurs qui comptent pour une majorité croissante d'Iraniennes et Iraniens. Et la République islamique saura faire face à cette mission. Car au cours des 40 dernières années, elle a su assurer la stabilité et la survie économique du pays.»
Le désir de liberté reste intact
Laurent Joffrin, rédacteur en chef de Libération, croit savoir quels sont les désirs des Iraniens :
«Une grande partie de la population, derrière les portes des maisons, dans les interstices de la vie quotidienne, s'affranchit des prescriptions obscurantistes du chiisme pur et dur … . Mais cette ambiguïté assumée - ou cette hypocrisie - ne change pas le diagnostic général. Affranchis de l'influence occidentale, libérés de la dictature 'moderniste' du chah, les Iraniens, tombés de Charybde en Scylla, vivent néanmoins sous une férule islamique totalitaire qui a mis la liberté sous cloche et dont ils souhaitent, de toute évidence, se libérer. Dans ce royaume du mensonge, la liberté est en veilleuse. Si d'aventure le régime se hasarde à organiser des élections vraiment libres, on verra que sa flamme grandira soudain.»
Une contribution culturelle importante
Malgré toutes les critiques formulées à l'encontre du régime, on constate de nombreuses évolutions positives en Iran, analyse le portail d'opposition libéral T24 :
«En 40 ans, le taux d'alphabétisation a augmenté de 35 à 84 pour cent. Si en 1976, 25 femmes seulement sur 1 000 étaient allées à l'université, elles sont aujourd'hui 173 à la fréquenter. ... Et alors que seulement 5,2 pour cent des femmes actives étaient titulaires d'un diplôme de fin d'études secondaires en 1980, elles étaient 46,9 pour cent déjà en 2016 à en avoir un. ... Les auteurs, intellectuels et réalisateurs iraniens apportent au niveau international une contribution importante à la culture. Et grâce à l'esprit éclairé de la société, la face sombre du régime rencontre moins de critiques [à l'étranger] que ce n'est le cas en Arabie saoudite.»