Israël : vers un cinquième mandat pour Nétanyahou
A l'issue des législatives en Israël, le Likoud (droite conservatrice) du Premier ministre sortant et ses partenaires d'extrême droite et religieux disposent de la majorité des sièges. Il s'est imposé face au parti centriste Bleu Blanc de son rival, Benny Gantz. Benyamin Nétanyahou reste toutefois accusé dans trois affaires de corruption. Les éditorialistes évoquent ce nouveau succès.
Une opposition dépourvue de programme
Kristeligt Dagblad explique les raisons de la victoire de Nétanyahou :
«L'unique programme du parti Bleu Blanc de Benny Gantz, c'était la volonté de renverser Nétanyahou ; il n'avait ni projets politiques ni propositions alternatives pour les électeurs de droite. Or ceux-ci aspirent essentiellement à vivre dans un Etat hébreu sûr, stable et prospère, et n'ont que faire de la moralité de leur dirigeant. ... Le Premier ministre doit avant tout veiller à éviter une guerre coûteuse en vies israéliennes. Et sur ce plan, Nétanyahou a répondu à leurs attentes : guerre éclair dans la bande de Gaza, mur en Cisjordanie, forte réduction des attaques terroristes, rapprochement avec les Etats arabes voisins, attaques contre les positions iraniennes en Syrie et intransigeance vis-à-vis des Palestiniens.»
Le choix de la stabilité
Pour El Mundo, la réélection de Nétanyahou s'explique par plusieurs facteurs :
«En dépit de sa réputation de faucon, Nétanyahou est parvenu à conforter un projet libéral, qui a apporté au pays une longue période de stabilité politique et militaire, ainsi que la prospérité. Le chômage est au plus bas, le niveau de vie a augmenté et le pays est devenu une puissance technologique. Nétanyahou a su par ailleurs s'assurer le soutien américain sur deux points clés pour la sécurité de l'Etat hébreu : la reconnaissance de Jérusalem comme capitale et la souveraineté sur le plateau du Golan, dans le but affiché de défendre le pays contre l'ennemi juré iranien, dont le dessein est de détruire Israël.»
Des problèmes judiciaires d'emblée
Nétanyahou sera sous la pression de la justice dès le début du mandat, explique Gândul :
«Après la formation d'une majorité et sa réélection au poste de Premier ministre, il lui faudra s'occuper de ses démêlées avec la justice. ... Les détails de l'accusation, dont la divulgation était interdite avant les élections, seront rendus publics. La première audience est fixée au 9 juillet. Il est bien possible que Nétanyahou obtienne un report, au prétexte qu'il doit diriger le pays. ... La justice n'aura en revanche aucun problème à mener une enquête contre le 'sauveur de la patrie', qui veut faire passer à la Knesset la 'loi française' censée lui garantir l'immunité.»
A droite toute
Dans Novaïa Gazeta, le politologue Boris Makarenko évoque une droitisation de la politique israélienne :
«En Israël, tout le monde estime que le Likoud a viré à droite et que la plupart de ses députés sont encore plus à droite que leur leader. Nétanyahou se retrouve désormais, en de nombreux points, l'otage d'une situation dans laquelle la majorité de sa coalition est plus à droite que lui, et ce à tous les niveaux. Il sera exposé à une pression croissante pour mener certaines réformes, notamment la restriction des pouvoirs de la justice et l'annexion d'une partie des territoires palestiniens en Cisjordanie. Si Nétanyahou a longtemps contenu ces tendances extrémistes, cela lui sera plus difficile dorénavant, d'autant plus qu'il est sous le coup d'accusations de corruption.»