Présidence de la Commission : la candidature Weber vacille
Le candidat bavarois Manfred Weber brigue le poste de président de la Commission. Il est en effet tête de liste du groupe PPE, qui a de fortes chances d'être la première force au Parlement de l'UE. Or le président français Emmanuel Macron et d'autres dirigeants européens remettent en cause le principe du "spitzenkandidat", et veulent se ménager le droit de nommer librement un candidat. Les commentateurs évoquent des menées à l'issue incertaine.
Que de déconvenues pour le candidat de Merkel
Der Tagesspiegel juge de moins en moins vraisemblable la nomination de Weber au poste de Président de la Commission :
«A l'instar d'un nombre important d'autres chefs d'Etat et de gouvernement, Macron boude l'idée du 'tête de liste' aux élections du Parlement européen. Ils ne veulent pas se priver du droit de pouvoir nommer une femme ou un homme issu de leurs rangs. Quelqu'un qui ait l'expérience de l'exécutif. Quelqu'un qui connaisse les ficelles du pouvoir. Deux compétences dont Weber ne peut se targuer. ... Sans parler du désamour de l'Europe pour l'Allemagne. L'ascendant d'Angela Merkel sur l'Europe s'est érodé suite aux incessantes tergiversations de l'Allemagne sur toutes les propositions de réforme. Si bien que sur la dernière initiative sur le climat, les Allemands n'ont même pas été consultés au préalable. Double déconvenue pour le sympathique Manfred Weber.»
L'UE n'a pas besoin d'un blocage de plus
Jutarnji list se demande si les dirigeants français et néerlandais seront en mesure de faire barrage à Weber :
«Dans l'Union européenne, il est rare qu'une décision soit adoptée quand la France et les Pays-Bas s'y heurtent. Si donc ils campent sur leur position, Manfred Weber ne sera pas président de la Commission européenne, on peut le dire dès aujourd'hui. Au demeurant, il ne sera pas simple pour Macron et Rutte de s'imposer face aux Allemands et à d'autres Etats, mais aussi face au Parlement européen. En effet, un président de la Commission qui n'ait pas l'appui d'une majorité au Parlement pourrait entraîner un blocage institutionnel. ... C'est bien la dernière des choses dont l'UE ait besoin, elle qui est déjà en proie à d'importants clivages.»
Pour Macron, Barnier est l'homme de la situation
Michel Barnier, le négociateur de l'UE pour le Brexit, a déclaré dans une interview au Journal Du Dimanche vouloir être utile à l'Europe. Membre du PPE, il est officieusement pressenti pour prendre le relais de Juncker, et le parti de Macron LREM le préfère au candidat allemand. Le Quotidien jauge ses chances :
«Michel Barnier rêve de diriger l'exécutif européen, tandis qu'Emmanuel Macron le considère comme l'homme de la situation. Lui et pas un autre tel que le 'Spitzenkandidat' désigné de la famille politique européenne de Barnier (Parti populaire européen/PPE), à savoir l'Allemand Manfred Weber. Cela dit, même si ce dernier a le soutien d'Angela Merkel, il reste un illustre inconnu hors du Parlement européen, tandis que la procédure des 'Spitzenkandidaten' n'est pas, selon l'Elysée, 'une automaticité'.»