Trump chante les louanges d'Orbán
Viktor Orbán a été reçu par Donald Trump lundi à Washington et les deux dirigeants ont ostensiblement affiché leur entente : "Vous avez fait un bon travail et vous avez rendu votre pays plus sûr", a dit le président américain au Premier ministre hongrois. Quelle est la portée de cette rencontre ?
La compagnie des autoritaires
Ce tête-à-tête n'est pas le premier du genre, rappelle Novi list :
«Le président américain continue de fournir des témoignages d'admiration et de respect aux autocrates et dictateurs de ce monde, du président russe Vladimir Poutine au président turc Tayyip Erdoğan, en passant par le dictateur nord-coréen Kim Jong-un et le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro, surnommé le 'Trump brésilien' en raison de son populisme. Voici venu le tour de Viktor Orbán. Steve Bannon, lorsqu'il était encore conseiller de Trump, avait qualifié le dirigeant hongrois de 'Trump avant Trump'.»
Washington change son fusil d'épaule
L'invitation d'Orbán à Washington intervient après une longue période de silence radio, observe Gazeta Wyborcza :
«Ce fut une rencontre historique, notamment parce que la dernière visite du chef de file du Fidesz à Washington remonte à 1998, lors de son premier mandat de chef de gouvernement. Depuis son second mandat en 2010, d'importants politiques et des diplomates américains ont commencé à bouder Budapest. Le détricotage avancé de la démocratie et la radicalisation d'Orbán étaient contraires aux intérêts des Etats-Unis. Pendant les deux mandats du Premier ministre hongrois, entre 2010 et 2018, aucun diplomate américain d'importance ne s'est officiellement rendu dans son pays. Pendant le mandat du président démocrate Barack Obama, les Etats-Unis n'ont même pas eu d'ambassadeur à Budapest pendant un an.»
Nous sommes devenus des idiots utiles
Au lieu de frayer avec les grandes puissances, Viktor Orbán ferait mieux de songer à ses alliés plus proches, estime Bálint Ablonczy, rédacteur en chef du portail conservateur indépendant Válasz Online :
«On pourrait décrire la politique extérieure hongroise comme suit : nous critiquons courageusement le système de nos alliés européens et le blocage des décisions de l'Union en politique étrangère est devenu notre passe-temps favori. En revanche, nous sommes prêts à tout et avec le plus grand empressement quand il s'agit d'aller dans le sens des grandes puissances qui veulent démanteler l'UE. Difficile de dissiper un doute affreux : celui d'être les idiots utiles des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie. Le comble, c'est que nous en sommes fiers ! En nous montrant plus trumpiens que Trump, nous occultons que sa politique compromet les intérêts fondamentaux de l'économie européenne et hongroise.»