Italie : Renzi tourne le dos au PD
L'ex-Premier ministre italien Matteo Renzi a fait savoir qu'il comptait quitter le Partito democratico (PD, social-démocrate) et fonder sa propre formation. Il affirme vouloir apporter au nouveau gouvernement M5S/PD le soutien d'un nouveau groupe parlementaire. L'initiative n'emballe pas les éditorialistes.
Ressuscité
Pour Alessandro Sallusti, rédacteur en chef d'Il Giornale, Matteo Renzi se venge à sa façon du chef de file du PD, Nicola Zingaretti :
«Ce nouveau parti fait son entrée sur la scène politique à l'issue d'une 'scission non hostile', comme le disent eux-mêmes les partisans de Renzi. Ce que signifie ce 'non-hostile' est un mystère, car il affaiblit le PD de Zingaretti à tous points de vue. Bref, Renzi reprend ses billes, monte sa propre affaire et accède aux fonds publics considérables accordés aux groupes parlementaires. Il aura ses délégations aux tables de négociation et, surtout, une part des quatre cents nominations [aux postes gouvernementaux], sans avoir à passer par Zingaretti. ... Pas mal pour quelqu'un qu'on disait politiquement mort il y a quelques semaines encore.»
Un timing désastreux
Der Standard craint fort que la dissidence de Renzi ne fasse le jeu de son principal adversaire :
«Car le nouveau départ de Renzi en septembre 2019 se caractérise par cette même présomption qui avait précipité la fin de son mandat gouvernemental en décembre 2016. A l'époque, il avait conditionné son sort à l'issue positive du référendum sur la réforme constitutionnelle - qui était réellement nécessaire. Aujourd'hui, c'est le calendrier qui est terriblement mal choisi : en tout premier lieu pour la nouvelle coalition en Italie, initiée par Renzi, et qui s'en trouve encore plus précarisée. Si bien qu'au final, c'est l'homme même que Renzi souhaite combattre avec son nouveau parti qui pourrait en profiter : Matteo Salvini.»
Ce n'est vraiment pas le moment
La Stampa craint que la venue d'une nouvelle force ne déstabilise le pays :
«Le gouvernement vient juste de se former, et maintenant que la prime de risque des obligations se rapproche de la valeur allemande et que le dialogue avec l'UE fonctionne, l'Italie ne peut se permettre de s'exposer au risque de déstabilisation inhérent à la naissance d'un parti capable d'ébranler la majorité. ... En dépit des promesses actuelles, la nouvelle formation de Renzi mènera la vie dure au PD et au M5S. Sur tous les dossiers, le groupe se montrera plus exigeant - ne serait-ce que pour prouver qu'il existe.»
Un parti pour les transfuges potentiels
Corriere della Sera n'est pas convaincu par l'argument de Renzi, qui dit vouloir combler un vide politique au centre :
«L'idée semble à la fois rusée et désespérée. ... Il s'agit en apparence de la tentative d'investir un espace 'centriste' négligé par l'alliance gouvernementale et d'attirer dans ce no man's land ce qu'il reste de FI [Forza Italia, le parti conservateur de Berlusconi] - à savoir des électeurs orphelins qui ne se sentent plus représentés. La crédibilité et les possibilités de réussite de l'opération sont cependant bien hypothétiques. Elle formerait une union des faibles au lieu d'annoncer un grand projet. En outre, elle encouragerait encore plus les transfuges.»