Attentat à Paris : l'ennemi est parmi nous
Un agent administratif employé de la préfecture de Paris depuis 16 ans a tué jeudi quatre collègues avant d'être abattu par des policiers. Selon les enquêteurs, l'assaillant s'était converti à l'islam il y a une dizaine d'années et s'était radicalisé. Malgré ses contacts salafistes, il continuait à travailler en qualité d'informaticien dans les services de renseignement associés à la lutte antiterroriste. Les éditorialistes sont sidérés.
Les Français, victimes d'un mal étrange
Alexis Brézet, rédacteur en chef au Figaro, explique pourquoi le fonctionnaire de police a pu être affecté à la direction du renseignement et à la lutte antiterroriste malgré sa radicalisation :
«Si nous n'avons rien vu venir de ce qui se tramait à la préfecture de police de Paris, c'est que nous n'avons rien voulu voir ! Et si nous n'avons rien voulu voir, c'est que nous sommes, en France, collectivement victimes d'un mal étrange … une maladie de l'esprit, proche de la cécité volontaire, une maladie qu'il faudra bien, si l'on veut la combattre, se résoudre à appeler par son nom : le dénislamisme. … Le dénislamisme met en danger les Français. Il brouille la perception de la menace et désarme les esprits. Au moment où la mobilisation devrait être maximale, il paralyse la lutte contre les infiltrations islamistes dans nos démocraties.»
L'assassin avait accès à des informations précieuses
Le quotidien Adevărul est lui aussi effaré de voir les possibilités offertes à l'assaillant en raison de son activité professionnelle :
«[Son travail] lui donnait accès aux base de données sur les mouvements terroristes, des informations importantes sur leurs contacts, adresses, réseaux de soutiens présumés, des contacts de sympathisants dans différents domaines, etc. On y trouve également toutes les données relatives aux policiers (y compris ceux qui enquêtent sous pseudonyme) intervenant dans des opérations antiterroristes, leurs adresses, les numéros de téléphone de leurs familles et amis pouvant être contactés en cas d'urgence. … Une quantité énorme d'informations ciblées, un véritable trésor dont la garde avait notamment été confiée à l'assassin. La question qui se pose à présent est : quelles informations a-t-il pu transmettre au réseau dont il faisait partie?»
Appeler les choses par leur nom
Die Welt critique le fait que les responsables politiques et les médias aient rechigné à reconnaître publiquement les motifs islamistes de l'attentat :
«En réalité, cette forme de discrétion ne rend en rien service aux musulmans. C'est précisément parce que des islamistes militants ne peuvent pas être assimilés aux musulmans qu'on ne peut pas reprocher aux uns les actions des autres. ... L'un des premiers objectifs des attentats comme celui de Paris consiste à attiser l'hostilité de la société dominante envers les musulmans. Et par la haine qui en résulte, à pousser les musulmans dans les bras des islamistes. Si cette manœuvre réussit, non seulement les fondamentalistes musulmans, mais également l'extrême-droite qui se veut 'chrétienne' en profiteraient. Un discours plus clair et plus courageux permettrait de mieux combattre ces deux ennemis de la société ouverte.»