Les années 2010 : un monde en proie au chaos ?
La deuxième décennie du XXIe siècle touche à sa fin. L'occasion pour les médias européens de faire le point sur une décennie marquée par les crises et les bouleversements. Les journalistes reviennent sur la manière dont ces défis ont été relevés aux quatre coins de la plante.
Les drames sont devenus la norme
Attentats, catastrophes naturelles et noyades en mer n'étonnent plus personne, fait remarquer pour sa part Ginevra Bompiani dans Le Monde :
«L'état d'exception est aujourd'hui notre état naturel. Et si cela est valable pour la politique et le droit, en créant un état d'urgence permanent, cela vaut également, et de manière cruciale, pour ce que nous pourrions appeler l''état d'âme d'exception' qui nous submerge, l'état d'exception moral. ... Ces derniers temps, cependant, deux vagues ... se sont levées ... celle des jeunes des Fridays For Future ... la seconde, toute nouvelle, est celle d'autres jeunes, mais pas uniquement, qui s'appellent les Sardines et qui se battent pour une vie tranquille, sereine, accueillante, civile.»
Les populistes ne comptent rien résoudre
Pour Mérce, la caractéristique majeure de ces dix dernières années a été l'essor du populisme :
«Les années 2010 ont été la décennie des leaders d'extrême droite, et ce aux quatre coins du monde. Une fois la crise économique surmontée, nous sommes entrés dans l'ère de la politique dite 'populiste'. ... . Elle est généralement incarnée par des hommes politiques nantis, corrompus et irresponsables, tout en affirmant agir au nom du peuple. ... Ces dix dernières années, les inégalités, le désordre et le désespoir ont augmenté partout dans le monde, et nos sociétés sont plus fragmentées que jamais. Et si les autocrates de droite sont très doués pour détourner notre attention des véritables problèmes, ils n'ont aucune intention de les résoudre.»
Une tragédie grecque
Naftemporiki revient sur une décennie de privations douloureuses pour la Grèce:
«En l'espace de dix ans, nous avons assisté à l'effondrement d'un sentiment illusoire de prospérité, une succession de séismes politiques, et une grave crise financière couplée à une profonde récession. ... Nous avons également vu la population s'indigner, et s'effondrer à la suite de rêves et d'illusions brisés. Si elle a été profondément divisée, elle a également montré sa capacité à espérer et à se battre pour recoller les morceaux. La Grèce a été le seul pays à mettre en œuvre trois plans d'austérité dévastateurs, perdant plus de 25 pourcent de son produit intérieur brut (PIB).»
Des raisons d'être optimistes
La décennie qui va bientôt s'achever n'a pas été si désastreuse, estime le Luzerner Zeitung :
«Ces dix dernières années ont été marquées par de grands bouleversements, mais le bilan est-il si catastrophique ? Même si les gros titres négatifs s'ancrent davantage dans nos mémoires, certaines nouvelles ont eu de quoi réjouir : il n'y a pas eu de grandes guerres, la pauvreté est en recul dans le monde entier, l'espérance de vie a augmenté, la médecine a fait des progrès dans divers domaines et le chômage est au plus bas dans de nombreux pays. La génération qui prend la relève est plus engagée et moins indifférente que la précédente. Nous pouvons donc nous montrer confiants pour la décennie à venir.»