Les eaux des égouts : des scandales en Lituanie

La police lituanienne a révélé la semaine dernière un scandale environnemental : pendant des années, l'entreprise de cartonnage Grigeo Klaipėdaa aurait déversé ses eaux usées directement dans la lagune de Courlande. Ce scandale nourrit également la colère déclenchée par des révélations plus anciennes selon lesquelles la compagnie des eaux de la ville de Vilnius Vilniaus Vandenys rejette depuis longtemps des résidus de plastique non traités dans la rivère Néris. Les scandales permettront-ils de changer la donne en Lituanie ?

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Delfi (LT) /

Une plus grande visibilité pour les délits écologiques

Le portail Delfi.lt se rappelle qu'un scandale similaire concernant la compagnie des eaux de Vilnius avait fait moins de vague dans l'opinion publique :

«A l'époque, les représentants de Vilniaus Vandenys ont tenté de convaincre l'opinion publique que les eaux rejetées dans le Néris n'étaient pas des eaux usées, mais qu'il s'agissait de boue. Ils affirmaient que cette eau ne représentait aucun danger pour la nature et les humains. Et ils ne voulaient pas entendre parler de plastique. Aujourd'hui, la réaction est diamétralement opposée. ... Ces changements méritent d'être salués»

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Verslo žinios (LT) /

La responsabilité sociale, une affaire de comm'

La responsabilité sociale et écologique est bien souvent un discours de façade des entreprises, fait remarquer la consultante en communication Marta Misiulaitytė sur le portail en ligne du journal économique Verslo žinios :

«Souvent, la responsabilité sociale est seulement simulée ou mise en œuvre de manière superficielle. Les consommateurs ont du mal à distinguer à quel moment les entreprises adoptent réellement une démarche responsable et à quel moment elles utilisent des éléments de langage à la mode. ... Prenons l'exemple de la société Grigeo : elle prétend assumer 'la responsabilité de l'impact de son activité sur l'environnement social et économique ainsi que sur la nature'. D'après les dernières révélations, toutes ces déclarations paraissent absurdes»

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Delfi (LT) /

Des rétractations qui font vraiment mal

Delfi se réjouit du mouvement de boycott depuis la révélation du scandale :

«La communauté économique a montré le carton rouge aux pollueurs de la lagune, sans y être obligé par qui que ce fût. Les [chaînes de supermarchés] Iki, Norfa et Senukai ont vraiment innové en décidant de ne plus rien acheter de Grigeo. Mais une autre annonce a fait plus mal encore : cinq entreprises de meubles, dont SBA baldų kompanija et Vilniaus baldai, sous-traitants d'Ikea, ont cessé de s'approvisionner auprès de Grigeo Klaipėda, jusqu'à nouvel ordre. ... La fabrique risque de ne pas pouvoir écouler sa production, un véritable scénario de crise. Et quelle sera la réaction des clients dans le reste de l'UE ?»

Lietuvos rytas (LT) /

Les fonctionnaires n'ont rien voulu voir

Lietuvos rytas explique comment, pendant des années, le scandale environnemental a été négligé :

«D'après les enquêtes portant sur les conduites masquées et illégales via lesquelles étaient déversées les déchets de production dans la lagune et dans la Baltique, ce ne sont pas les fonctionnaires chargés de la protection de l'environnement basés à Klaipėda qui avaient été sollicités, mais ceux de Šiauliai [à 170 km de là]. Par ailleurs, les enquêtes n'ont commencé que lorsque la communauté locale, après des années de plaintes relatives à la puanteur de ces rejets, s'est tournée vers les instances suprêmes de Vilnius. ... Les fonctionnaires, pour leur part, affirment non seulement qu'ils ignoraient tout de la catastrophe écologique provoquée pendant presque une décennie, mais qu'en plus, ils n'avaient pas la possibilité d'en avoir vent.»