Funérailles du pape François à Rome
Après une cérémonie funéraire à Saint-Pierre de Rome, le défunt pape a été acheminé vers la basilique Sainte-Marie-Majeure, en dehors de la cité du Vatican, où il trouvera son dernier repos. Des grands de ce monde sont venus rendre un dernier hommage au souverain pontife, mais également une foule estimée à 400.000 personnes venue du monde entier. Les commentateurs font part de leur ressenti et de leurs observations, notamment s'agissant du conclave.
Des selfies avec la dépouille du pape au lieu d'aller à la messe
La ruée vers Saint-Pierre n'a pas grand chose à voir avec la foi, fait remarquer Corriere del Ticino :
«Si tous les croyants qui ont afflué à Rome et à la Cité du Vatican ces derniers jours pour rendre hommage au pape François étaient aussi assidus quand il s'agit d'aller à l'Eglise de la Chrétienté d'Occident, les bancs des Eglises ne seraient pas aussi déserts et la crise de vocation des prêtres pas aussi inquiétante. ... Les jours qui ont précédé les adieux définitifs, outre l'émotion, les prières et la gratitude témoignée à un souverain pontife exceptionnel sur le plan humain, nous avons pu faire le constat d'un voyeurisme macabre et irrespectueux sous forme de selfies pris devant la dépouille. Ainsi va le monde, mais ce n'est assurément pas le monde pour lequel le pape François aura combattu jusqu'à son dernier souffle.»
Les Saints n'ont plus la cote
Dans Huffpost Greece, l'évêque de l'Eglise orthodoxe grecque de Singapour et d'Asie du Sud Konstantin Tsilis propose le commentaire suivant :
«La foule venue faire ses derniers adieux au pape s'est comportée de manière inattendue. ... Le problème se situe au niveau de nos cœurs et de nos décisions de vie. J'ai été frappé par le nombre de personnes dans la foule qui arboraient des pancartes portant le message 'Merci François'. Lors d'évènements comparables, notamment les funérailles du pape Jean Paul II place Saint-Pierre, tout le monde saluait 'le très saint'. Force est de constater que les temps ont changé, et que les sociétés ne sont plus demandeuses de modèles et de saints. Les gens veulent quelqu'un qui les brosse dans le sens du poil et qui les absolve de leur imperfection et de leurs fautes.»
Qui sera digne de lui succéder ?
C'est au moment de lui faire nos adieux que nous prenons toute la mesure du legs de François, écrit Jornal de Notícias :
«Il est tout naturel que nous soyons émus de la mort d'un être qui a réussi à être à la fois révolutionnaire et consensuel, mais aussi s'imposer comme la figure la plus prégnante de la dernière décennie. Cela semble expliquer le grand élan d'identification avec le pape François. Il nous laisse la cohésion en héritage. Il a ouvert les portes de l'Eglise, des divorcés aux homosexuels en passant par les pauvres, les victimes d'abus sexuels, les migrants et les martyrs de guerre. C'est ce profond respect du message du Christ qui suscite des inquiétudes à l'heure de la séparation. Qui lui succédera ? ... Plût au ciel que ce soit quelqu'un qui ait la même grandeur d'âme que Jorge.»
Deux camps à la dérive
Le défi qui se présente aujourd'hui pour le Vatican est de préserver l'unité entre conservateurs et libéraux au sein de l'Eglise catholique, analyse The Spectator :
«Le pape François laisse derrière lui une communauté divisée. Deux camps se sont clairement constitués au sein de l'Eglise catholique, et le fossé qui les sépare ne cesse de se creuser. ... On ignore dans quelle voie les cardinaux vont s'engager. Leur mission ne se cantonne pas à élire un successeur, mais aussi à choisir un berger qui sache rassembler un troupeau dispersé. On fera couler beaucoup d'encre sur la manière dont le nouveau pape sera perçu par le monde séculier. Mais son image ne sera pas son plus grand défi : il devra avant tout souder son peuple avant que la fracture ne soit irréversible.»