Pandémie : les systèmes de santé sont-ils à la hauteur ?
Les mesures de confinement adoptées dans de nombreux pays européens ont pour but affiché de ralentir la propagation du virus. En effet, si trop de personnes tombent malades en même temps, les capacités des hôpitaux sont dépassées, même en cas de préparation optimale. Or les systèmes de santé de la plupart des Etats sont loin d'être opérationnels, comme le constatent avec amertume les commentateurs.
La politique aura des comptes à rendre
Dans Libération, un psychologue de l'hôpital de Mulhouse, écrivant sous un pseudonyme, fait un réquisitoire impitoyable contre l'Etat :
«Je suis en colère et j'ai la rage, car je sais que ces personnes, ces êtres vivants, ces frères et sœurs, pères et mères, fils et filles, grands-pères et grands-mères, mourront seules dans un service dépassé, malgré les courageux efforts des soignants ; seules, sans le regard ou la main de ceux et celles qui les aiment, et qu'ils aiment. ... Je suis en colère et j'ai la rage, car celles et ceux qui sont au boulot tous les jours, malgré la peur ancrée au ventre, peur d'être infecté, celles-ci et ceux-là se sont fait cracher dessus pendant des années dans les discours politiques. ... Je suis en colère et j'ai la rage envers ces hommes et ces femmes politiques qui n'ont eu de cesse de détruire notre système social et de santé, qui n'ont eu de cesse de nous expliquer qu'il fallait faire un effort collectif pour atteindre le sacro-saint équilibre budgétaire. ... Nous exigerons justice, nous demanderons des comptes à tous ceux qui nous ont conduits dans ce mur terrible.»
Personne ne s'est soucié du secteur de la santé
La pandémie montre que le gouvernement chypriote s'est fixé de mauvaises priorités, critique Haravgi :
«Ces sept dernières années, [depuis la crise bancaire de 2013], il a préféré construire des tours et faire commerce de passeports plutôt que de se concentrer sur ses propres citoyens. On a pu constater, de la pire manière, le démantèlement total du système de santé. Nous n'avons pas les équipements nécessaires pour combattre le virus et nous sommes toujours en retard d'un temps sur les évènements. Cette crise révèle également l'indigence de l'aide sociale proposée aux citoyens.»
Les budgets serrés ne sont pas le seul problème
La Roumanie est le pays de l'UE qui tourne avec le budget de santé le plus petit et ses médecins travaillent dans des conditions difficiles, écrit l'analyste politique Alina Mungiu-Pippidi dans România Curată :
«Dans toute l'Europe aujourd'hui, on appelle en renfort les médecins en congé ou même à la retraite ; les Roumains comprennent donc peut-être pourquoi le PSD a dû augmenter les salaires des médecins [en août 2018] : s'il ne l'avait pas fait, ceux-ci auraient émigré. Il y a, dans toute l'Europe, une pénurie de médecins - ils auraient donc assurément trouvé un emploi. ... Mais s'ils sont tentés par l'exode, ce n'est pas seulement à cause de l'indigence des salaires, mais aussi parce qu'il est difficile de travailler quand la classe politique exerce son influence sur le quotidien hospitalier, quand tout est mal organisé et que les règles d'hygiène et de courtoisie les plus élémentaires ne sont pas respectées. ... L'hôpital ne peut être meilleur que la société dont il est issu.»
L'importance de la main d'oeuvre des PECO
En Autriche, la prise en charge de nombreuses personnes âgées est assurée par des travailleurs roumains, slovaques et hongrois. Le pays peut s'estimer heureux qu'ils soient aussi nombreux à ne pas être rentrés dans leurs familles, juge Der Standard :
«L'année dernière, l'ÖVP et le FPÖ ont adapté les allocations familiales destinées aux citoyens communautaires dont les enfants vivent à l'étranger au coût de la vie des pays dans lesquels se trouvaient ces enfants. Pour les auxiliaires de vie d'Europe de l'Est, déjà mal rémunérées au départ, c'est une saignée. ... Vu le risque d'état d'urgence sanitaire, il faut espérer que même l'ÖVP comprendra qu'il s'agit là de piliers de notre société. Cette mesure a aussi sapé la solidarité européenne. Il est bien possible que tel ou tel pays voisin se souviendra de cet acte hostile lorsque l'Autriche cherchera à obtenir des autorisations de voyage pour faire venir cette main d’œuvre.»