Confinement : la Cour suprême roumaine fait sauter les amendes
En Roumanie, les amendes infligées en cas de non-respect des mesures de confinement - qui peuvent aller jusqu'à 4 166 euros - sont anticonstitutionnelles. C'est ce qu'a décidé mercredi la Cour constitutionnelle. Le revenu mensuel moyen s'élève à 1 100 euros dans le pays, et plus de 300 000 procès verbaux, pour un montant global de 120 millions d'euros, auraient été établis depuis le début du confinement. Une décision justifiée ?
Un jugement qui sauve de nombreux citoyens
Le blog Baricada fait part de son soulagement :
«Plus d'un million de Roumains sont au chômage partiel, et plus de 250 000 personnes ont perdu leur emploi. Ceux qui travaillent arrivent à s'en sortir car ils ont la sécurité d'un revenu assuré. Mais d'autres se retrouvent dans une situation extrêmement précaire, ils souffrent d'avoir perdu leurs repères et sont angoissés. Si l'Etat et la classe politique n'apportent pas leur soutien au peuple et ne le traitent pas avec respect, la frustration risque de se propager. La décision de la Cour constitutionnelle évitera au peuple roumain de se voir infliger 120 millions d'euros d'amendes. ... Il ne reste plus au gouvernement [libéral-conservateur] PNL que de témoigner de l'empathie à l'endroit du peuple s'il entend rester au pouvoir après les élections locales et législatives de l'automne prochain.»
Un blanc-seing pour les contrevenants
Republica.ro ne parvient pas à comprendre la décision de la Cour constitutionnelle :
«Les amendes sont élevées afin d'éviter que les gens ne soient tentés d'enfreindre les règles censées protéger des vies humaines. ... Si vous recevez une amende et que vous la réglez tout de suite, vous n'avez à payer que la moitié du montant prévu. Si vous n'êtes pas d'accord avec l'amende infligée par les policiers, vous avez la possibilité de la contester devant un tribunal. Dès lors, comment expliquer l'immixtion de la Cour constitutionnelle ? Avec ce verdict, encore plus de personnes se gausseront des policiers qui effectuent les contrôles. Ceux-ci se garderont donc de sanctionner les gens et de les interpeler. Les bandes de voyous auront désormais les coudées franches pour poursuivre leurs agissements dans les rues, avec la complicité de la Cour constitutionnelle.»