Boris Johnson après un an de mandat
Le 24 juillet 2019, Boris Johnson prenait la relève de Theresa May à la tête du gouvernement britannique. Depuis, le nouveau Premier ministre a fait sortir son pays de l'UE et a remporté des élections anticipées. Aujourd'hui, les négociations sur la nature des relations entre l'UE et le Royaume-Uni après le Brexit s'éternisent, tandis que les velléités séparatistes de l'Ecosse se font plus pressantes. Un tableau auquel s'ajoutent la pandémie de coronavirus et les querelles avec la Chine. Quelle sera la suite ?
Le grand huit de l'absurde
La première année de mandat de Johnson paraît tout à fait rocambolesque, commente Luigi Ippolito, correspondant de Corriere della Sera à Londres :
«Si un scénariste avait proposé un film de la sorte, on lui aurait jeté la copie du script à la figure. Pensez donc : un Premier ministre qui, lors de ses douze premiers mois au gouvernement, suspend le Parlement, est rappelé à l'ordre par la Cour suprême, remporte les élections, fait sortir son pays de l'UE, divorce, devient père pour la sixième fois, atterrit aux urgences et frôle la mort. C'est tout à fait absurde ! Mais c'est bien ce qui s'est produit. ... Et encore, on n'est qu'au début de ce grand huit.»
Sous pression
La situation du dirigeant britannique est inconfortable à plusieurs égards, constate Die Presse :
«Les partenaires commerciaux potentiels se défilent les uns après les autres ; le rêve d'un empire 2.0 risque de faire pschitt. D'abord, 'l'âge d'or' promis dans les relations avec la Chine s'est volatilisé. ... Ensuite, une commission parlementaire sur le renseignement a révélé les manœuvres disruptives des services secrets russes et l'ampleur du lobbying exercé à 'Londongrad' en faveur des oligarques. Johnson a également trouvé en Keir Starmer, le nouveau leader du Labour, un véritable rival, tandis que la superstructure britannique est travaillée par des tensions de plus en plus délétères. Le Premier ministre s'est rendu jeudi à Edimbourg, pour tenter de maintenir les trublions écossais, tentés par l'indépendance, de rester dans le giron britannique. Avec le Brexit, c'est aussi l'unité du Royaume qui est en jeu. Il n'y aurait pu avoir de plus grand défi pour Johnson lors de sa seconde année de mandat.»
Le fossoyeur du Royaume-Uni
Il pourrait bientôt ne plus rester grand-chose du Royaume-Uni, souligne Rzeczpospolita :
«Quatre ans après le référendum, il apparaît clairement que le Brexit n'a pas ouvert les belles perspectives que Johnson avait fait miroiter au Royaume-Uni. ... La plupart des Ecossais, qui, dès le départ, n'avaient pas cru aux contes du Premier ministre britannique, ne veulent plus être soumis à son gouvernement et désirent opter pour l'indépendance. S'ils réussissent dans cette entreprise, l'Irlande du Nord pourrait lui emboîter le pas, et tenter de forger une union avec la République d'Irlande. Les Anglais, amenés à constater que leur pays a été réduit à la taille de la Tunisie, pourraient perdre confiance en leur leader.»
Réveiller les Britanniques
Il faut que Johnson prenne au sérieux le risque de rupture avec l'Ecosse et communique mieux, juge également The Spectator :
«L'objectif du Premier ministre devrait être de se rendre régulièrement en Ecosse, de sorte que ses visites ne soient plus considérées comme de petits évènements méritant d'être signalés. Mais la bataille pour la sauvegarde de l'union britannique ne doit pas être menée qu'en Ecosse. ... Les gens doivent comprendre l'effet dévastateur et disruptif qu'aurait l'indépendance de l'Ecosse sur l'ensemble du Royaume-Uni. Si Johnson parvient à faire comprendre à l'Angleterre l'acuité du danger dans laquelle se trouve l'union, il aura alors davantage de chances d'arriver à la sauver.»
Suivre la politique chinoise de Johnson
En réaction à la promulgation de la loi sur la sécurité fin mai à Hong Kong, la Grande-Bretagne a suspendu ses accords d'extradition avec la Chine, suite à quoi la Chine l'a menacée de représailles. Handelsblatt appelle Londres à ne pas se laisser désarçonner :
«Il y fort à parier qu'elle ne fera pas machine arrière. D'autant que cette ligne dure est portée par une majorité de Britanniques, qui sont nombreux à se méfier d'entreprises chinoises comme Huawei. Une partie de la population britannique a prouvé, en votant pour le Brexit, qu'elle était prête à accepter des revers économiques pour qu'aboutisse un projet politique. Un soutien qui permet au Premier ministre de servir de modèle aux autres gouvernements. Un rôle qu'il est ravi de jouer - d'autant que cette fois-ci, il a le beau rôle.»