Espagne : les entreprises tenues de financer le bureau à domicile
A l'issue de semaines de négociations entre employeurs et syndicats, le gouvernement espagnol a adopté un décret-loi sur le télétravail. Celui-ci prévoit notamment la prise en charge par l'employeur des frais d'équipement et de mobilier engagés par l'employé pour pouvoir travailler à domicile. Le bien-fondé et la maturité de la loi ne font pas l'unanimité dans la presse nationale.
Nous avons réappris à négocier
El País souligne l'importance de la nouvelle loi, tant sur le fonds que sur la forme :
«Elle résout efficacement un problème du monde du travail qui aurait facilement pu faire l'objet de nombreux litiges. ... Il est rassurant de constater que les partenaires sociaux se montrent plus enclins à faire des compromis et à soutenir des accords globaux. Peut-être faut-il y voir une conséquence de la crise du coronavirus. Ils n'ont pas abordé les points délicats, et ce à juste titre car ils relèvent des accords d'entreprise. Progressivement et sans faire de remous, on voit émerger une culture de la négociation qui pourrait être très utile pour d'autres réformes structurelles difficiles, par exemple celle portant sur les retraites.»
Un frein à l'embauche
El Mundo critique un décret-loi adopté trop hâtivement :
«L'empressement de [la ministre du Travail Yolanda] Diaz à rechercher un consensus entre les partenaires sociaux est louable, mais sa hâte à se jeter des fleurs et l'absence de débat digne de ce nom pourraient avoir généré une réglementation déjà obsolète. ... Le faux sentiment d'urgence a fait que jusqu'à la dernière minute, avant le début du Conseil des ministres qui a avalisé le décret, les associations patronales négociaient encore certaines questions en suspens sous la menace de la ministre, qui n'était pas prête à attendre plus longtemps. ... Des circonstances peu propices à l'élaboration d'une bonne loi. Vu les mornes perspectives en matière d'emploi, une réglementation rigide et excessive risque de dissuader les employeurs d'embaucher - ce qui ferait augmenter encore le chômage.»