Coronavirus : tester correctement, oui mais comment ?
L'explosion du nombre d'infections et l'amélioration de l'accès aux différents tests relancent le débat sur le rôle des stratégies de dépistage dans la lutte contre la pandémie. La politique suivie par la Slovaquie sur ce point a notamment attiré l'attention. Les éditorialistes sont eux aussi divisés quant à la tactique à adopter.
Plus de libertés, moins de dommages
Neue Zürcher Zeitung préconise des tests plus fréquents pour alléger les restrictions :
«Même les calculs les plus simples montrent qu'une multiplication des tests serait profitable pour l'économie du pays, car cela permettrait de circonscrire la pandémie et de limiter les dégâts. ... Lorsque des tests rapides et réguliers prouvent qu'une personne n'est pas contagieuse, celle-ci devrait alors être autorisée à rendre visite à ses proches en maison de retraite sans mesure de distanciation, à venir en aide à des personnes âgées, à participer en présentiel à des événements réels à l'université ou à prendre l'avion. ... Maintenant que la deuxième vague effraie la population, il serait grand temps de mettre sur pied une nouvelle stratégie de dépistage, bien plus offensive.»
Les avantages des tests rapides
Dnevnik espère l'introduction prochaine en Bulgarie de tests antigéniques rapides et disponibles en pharmacie :
«Ces nouveaux tests, s'ils étaient introduits sur le marché, seraient moins coûteux et plus rapides que les tests PCR. Ils faciliteraient les voyages d'un pays à un autre, mais ils permettraient également de dépister plus tôt une contamination et de débuter le traitement avant que des complications n'apparaissent. Ils permettraient aussi d'éviter des confinements généralisés, les foyers d'infection et les cas contacts pouvant être neutralisés plus rapidement.»
Tests ciblés ou tests ratés ?
En Lettonie, la ministre de la Santé, Ilze Vinkele, a annoncé que les tests de dépistage du Covid ne seraient possibles que sur ordonnance médicale. Incompréhensible, juge Diena :
«L'OMS et d'autres institutions reconnues disent clairement que le virus se propage 'silencieusement', qu'une personne infectée peut en contaminer d'autres avant de ressentir elle-même des symptômes, voire en restant asymptomatique pendant toute la durée de la maladie. La ministre parle de 'tests ciblés' et son ministère prétend que le but de ce revirement stratégique n'est pas de diminuer le nombre de tests, mais de réduire le temps d'attente pour les individus nécessitant un test d'urgence. Si l'Etat est à court de ressources, qu'il le dise en toute transparence. Il est compréhensible d'avoir peur d'essuyer un échec politique et de se voir taxer d'impréparation face à la deuxième vague. Mais dans la situation actuelle, les risques politiques ne devraient jouer aucun rôle.»
Sans solidarité, rien ne sert de tester
Krytyka Polityczna craint que même la meilleure stratégie de dépistage ne suffira pas :
«Dans de nombreux secteurs, les employeurs font pression sur les employés pour qu'ils renoncent à se faire tester, à informer les autorités sanitaires de contacts avec des personnes infectées et à se mettre en quarantaine. ... Sans la solidarité absolue des employeurs, nous ne viendrons pas à bout de la pandémie, même si l'efficacité des systèmes de dépistage devait s'améliorer. Malheureusement, le gouvernement ne nous facilite guère la tâche, en proposant des aides à certains secteurs. Il ne fait rien pour remédier aux maladies du système qui accablent la Pologne depuis des années - citons notamment les mauvaises conditions de travail du corps médical ou encore l'inefficacité du système de santé - qui s'avère meurtrier aujourd'hui.»