Slovaquie : tester la population entière
Pour endiguer la hausse rapide du nombre d'infections au coronavirus en Slovaquie, le Premier ministre du pays, Igor Matovič, veut soumettre à un test antigénique rapide l'ensemble des habitants de plus de dix ans. Il a également fait savoir qu'il démissionnerait s'il rencontrait la moindre résistance à son projet. Une mesure judicieuse ?
Les voisins ont au moins une feuille de route
Le quotidien Deník approuve le dépistage à grande échelle initié par le Premier ministre slovaque, Igor Matovič :
«On peut reprocher bien des choses à Matovič, mais il a au moins le mérite de donner aux Slovaques le sentiment que le gouvernement fait quelque chose pour que la seconde vague du coronavirus ne devienne pas un tsunami qui fasse des milliers de morts et anéantisse l'économie. Le gouvernement prouve qu'il garde la main sur la gestion de la seconde vague. Contrairement à Matovič, le Premier ministre tchèque, Andrej Babiš, a des airs de dilettante. Alors qu'un quart des personnes testées sont positives, une grande campagne de dépistage est prévue à Uherské Hradiště, foyer de contagion. D'ici à ce que l'on ait tiré des conclusions des résultats, il y a fort à parier que nous serons tout infectés.»
Dépister tous azimuts n'est pas la panacée
On aurait tort d'attendre de l'opération nationale de dépistage une réussite retentissante, fait remarquer Új Szó :
«L'idée d'un grand dépistage national présente plusieurs points faibles. Premièrement, le test antigénique est bien moins fiable que le test PCR. Le chef du gouvernement a lui même concédé qu'il considérerait déjà comme une réussite l'identification de 30 pour cent des personnes infectées et la majeure partie de ceux qu'on appelle 'super-contaminateurs', responsables de la formations de foyers de contagion. ... Pour le gouvernement, ce sera facile de faire passer le dépistage de l'ensemble du pays comme une réussite : même s'il permet d'identifier quelques milliers de personnes infectées asymptomatiques seulement, ce sera déjà un résultat valable qui nous permettra de gagner du temps, mais pas - loin s'en faut - de tordre le cou à la pandémie.»
Un instantané ne sert pas à grand chose
Magyar Nemzet juge fort peu réaliste que la Hongrie puisse emboîter le pas au Premier ministre slovaque :
«Tester dix millions de personnes en une semaine est une gageure, cela tombe sous le sens. Et quand bien même ce serait possible, le résultat ne ferait qu'alimenter un dangereux sentiment de fausse sécurité, car il ne serait jamais qu'une photographie instantanée. ... Autrement dit, il faudrait réitérer l'opération environ tous les trois jours, au niveau national, pour obtenir une image continue et réaliste de la progression de l'épidémie. D'ici mars, cela ne coûterait 'que' quelques centaines de milliards de forints.»
Matovič dirige le pays comme une entreprise
Pravda accuse le chef du gouvernement de dérive autoritaire:
«Igor Matovič confond la Slovaquie avec sa propre entreprise et se croit autorisé à faire ce que bon lui semble. L'attitude du Premier ministre compromet de plus en plus le fonctionnement de notre démocratie. Il est certainement de bon ton d'envisager des tests antigéniques à large échelle à un moment où le virus circule de façon incontrôlée et à la vitesse grand V. Mais est-ce vraiment la seule option pour enrayer sa propagation ? ... Le Premier ministre a bloqué tout avis divergeant sur la question au sein de la coalition au pouvoir, menaçant même de démissionner le cas échéant. C'est du chantage. De telles menaces sont irresponsables à l’heure où le pays est confronté à une épreuve difficile, inédite même.»
Tester est une bonne mesure
Aktuality.sk salue pour sa part la campagne de dépistage préconisée par Matovič :
«Tout l'été durant, nous avons réclamé des tests et le traçage des chaînes de transmission, qui avaient fourni la preuve de leur efficacité pendant la première vague de la pandémie. ... Si donc le Premier ministre Matovič entend tester à grande échelle, nous devrions nous en féliciter. Une mesure énergique en ce sens pourra s'avérer être le 'deus ex machina' qui fera baisser le taux d'infections et de morts. ... Ce que propose Matovič est avant tout un geste politique visant à éviter des mesures bien plus draconiennes. S'il est possible sur le plan de la logistique de réaliser des tests sur tout le territoire, cela pourra réellement contribuer à éviter une mise à l'arrêt de l'économie et un confinement de la population.»