Salaire minimum européen : les pays nordiques sont frileux
La Commission européenne entend obliger les Etats membres à adopter des salaires minimum, par le biais d'une directive. Celle-ci pourrait alors être mise en œuvre au niveau législatif ou au moyen de conventions collectives. Une initiative qui suscite des réticences au Danemark et en Suède - deux des six Etats de l'UE sans salaire minimum légal - y compris du côté des syndicats. Les médias des deux pays y sont pour leur part plus favorables.
Comme s'ils voulaient torpiller le projet
Expressen estime que la Suède devrait être favorable à la proposition, d'autant plus que la Commission préconise notamment des conventions collectives de travail, dont la Suède revendique la paternité :
«La Suède (au même titre que le Danemark) n'avait pas connu pareille victoire politique depuis que nous avions convaincu l'UE de prendre au sérieux l'égalité entre les sexes. Une victoire dûment célébrée ? Que nenni, les syndicats et le patronat suédois sont mécontents et accusent l'UE de vouloir mettre sens dessus-dessous le marché de l'emploi. Les partis conservateurs évoquent une ingérence supranationale indue. Dommage que l'UE n'ait retenu aucune des propositions suédoises pour aider à faire sortir de la pauvreté les bas salaires. A savoir... euh... ah oui, c'est vrai. La Suède n'a jamais avancé la moindre proposition pour remédier à l'appauvrissement croissant en Europe.»
Notre dette envers les travailleurs pauvres
Les syndicats danois rejettent la proposition de l'UE, ce que critique Politiken :
«Presque dix pour cent des travailleurs européens sont tellement mal rémunérés qu'ils relèvent de la catégorie des 'working poor' : ceux qui sont pauvres bien qu'ils travaillent. Nous devons leur garantir la dignité, dans leur vie privée comme dans leur vie professionnelle. Nous devons définir un modèle qui garantisse à la fois le bon fonctionnement des marchés du travail dans les pays du nord et un salaire adéquat aux travailleurs vulnérables, souvent originaires des pays de l'Est et du centre de l'Europe. Le Danemark devrait appuyer cette initiative, d'autant plus qu'il s'est avéré que l'UE profitait de la liberté de circulation des travailleurs dans notre pays. La solidarité ne s'arrête pas aux frontières du pays.»