L'Autriche se reconfine
L'Autriche entrera à partir de mardi dans un reconfinement qui devrait durer au moins trois semaines. Les écoles et presque tous les magasins devront fermer et les sorties seront restreintes jour et nuit. Le chancelier, Sebastian Kurz, n'a pas mâché ses mots dans une allocution à la population : "Ne rencontrez personne". L'Autriche est actuellement en tête des taux d'infection en Europe. Comment en est-elle arrivée là ?
La conséquence de l'inconséquence politique
Der Standard critique la communication du ministre de la santé, Rudolf Anschober :
«Face à l'explosion des contagions, il avait assuré qu'on était encore 'bien loin' d'une situation nécessitant un second confinement. ... Les messages de responsables politiques sont décisifs pour le moral des troupes. En situant le pire scénario envisageable à des années-lumière du quotidien des gens, il suggère un faux-sentiment de sécurité au lieu d'inciter à davantage de discipline dans l'observation des règles sanitaires. ... C'est tout l'art de la politique de savoir prendre les mesures qui portent leurs fruits dans un contexte donné. Or c'est un secret de polichinelle depuis l'été que le sens des responsabilités de chacun dans la lutte contre la pandémie ne pèse pas bien lourd dans ce pays.»
Les Autrichiens sont des hôtes très hospitaliers
Profil fait le triste constat que miser sur le sens des responsabilités n'a pas fonctionné en Autriche :
«Des étudiants font la fête dans les parcs et pleurnichent parce qu'on a fermé leurs amphis ; ... des restaurateurs ne respectent pas l'heure de fermeture et fulminent de devoir baisser le rideau ; des parents organisent des fêtes d'anniversaire pour leurs enfants, invitent leurs parents par dessus le marché, et vont signer des pétitions contre la fermeture des écoles. ... Chacun y va de sa propre raison pour justifier ses erreurs : les uns sont idiots par nature, les autres ne supportent pas la solitude ; les uns ne veulent pas changer leurs habitudes, les autres en sont tout bonnement incapables ; les uns ne savent pas comment s'y prendre, les autres sauraient mais ils s'en fichent. Le résultat reste invariable : davantage de malades dans un état grave et de morts. ... C'est nous, les citoyens, qui sommes les premiers responsables du confinement. Les Autrichiens sont des hôtes très hospitaliers envers le virus.»