La Grèce restreint la liberté de réunion
La Grèce célèbre le 17 novembre l'anniversaire du soulèvement étudiant de 1973 contre la junte militaire. Mais les commémorations prévues cette année ont été interdites, le gouvernement ayant proscrit les rassemblements de plus de trois personnes. Or la dernière fois que cette mesure avait été décrétée, c'était précisément sous la junte militaire. L'argument de la lutte contre l'épidémie n'est-il qu'un prétexte pour rogner les libertés civiques, comme l'affirment les partis d'opposition ?
L'heure n'est pas à la discorde
La Cour suprême grecque a rejeté lundi la plainte déposée par un parti de gauche et une ONG de défense des droits humains, et décidé que l'interdiction était dans l'intérêt général et conforme à la Constitution. To Vima appelle les grecs à respecter la décision de la Cour :
«Ce développement était prévisible et logique, dans la mesure où cette commémoration coïncide avec le pic de la nouvelle vague de la pandémie. Tous les citoyens, sans exception, doivent se conformer à la décision et renoncer en partie aux exercices de la gymnastique révolutionnaire. C'est ce qu'impose l'intérêt national : union et cohésion face à un nouveau virus qui continue sa funeste moisson. ... Les heures que nous sommes en train de vivre interdisent la désunion et la discorde. Tôt ou tard, ce que l'on appelle la 'normalité' sera de retour, d'une façon ou d'une autre. ... Ce serait une erreur catastrophique que de détruire la cohésion sociale au moment où l'on entrevoit la lumière au bout du tunnel.»
La pandémie de l'autoritarisme
Efimerida ton Syntakton voit dans cette interdiction le signe d'une dérive antidémocratique du gouvernement grec :
«Cette extrême démonstration d'autoritarisme est liée à l'altération globale des institutions démocratiques entreprise par le gouvernement. ... Le programme politique que [le parti au pouvoir] Nea Dimokratia cherche à mettre en œuvre repose sur la suppression pure et simple de toute forme de contrôle et sur la transformation des citoyens en êtres apeurés et impuissants. Face à cette pandémie d'autoritarisme, il ne faut pas que l'opposition tombe dans le piège. Le danger pour la santé publique ne doit pas être sous-estimé. Il existe de nombreuses façons d'exprimer son opposition résolue à ce hold-up anticonstitutionnel, sans pour autant organiser de grandes manifestations incontrôlées.»