Un nouvel impeachment contre Trump, cela a-t-il encore un sens ?
Quelques jours avant l'investiture officielle de Joe Biden, les démocrates veulent engager une procédure de destitution à l'encontre du président sortant. Leur parti a déposé une résolution en ce sens devant la Chambre des représentants. Ils accusent Trump d''incitation à l'insurrection' avant l'attaque du Capitole. La presse européenne est divisée quant au bien-fondé et au calendrier d'un impeachment visant un président déjà désavoué par les urnes.
Tolérance zéro face aux crimes politiques
La destitution de Trump serait un signal important pour les démocraties, juge le portal Liberal :
«Cela ne change absolument rien qu'il ne reste plus que quelques jours de présidence. Le simple fait que Trump ait aiguillonné ses concitoyens, en clamant l'illégalité de l'élection présidentielle pourtant avalisée par les tribunaux, revient clairement à tenter de renverser le régime démocratique. ... Il faut espérer que le nouveau président américain n'hésitera pas à montrer comment il convient de traiter des putschistes potentiels, et il faudra suivre cet exemple en Europe, et notamment en Grèce. Il faut faire cesser toute tolérance vis-à-vis des crimes politiques.»
Une obligation symbolique, mais pas seulement
Polityka est favorable à une procédure de destitution, surtout dans l'optique de restreindre l'influence future du président sortant :
«La destitution de Trump restera, malheureusement, un acte principalement symbolique. Ceux qui soutiennent la mesure soulignent toutefois que c'est une obligation morale du Congrès, de même que c'était une obligation morale, il y a un peu plus d'un an, d'entamer une première procédure de destitution quand le président avait été accusé d'avoir poussé son homologue ukrainien à ouvrir une enquête contre le fils de Biden, à seul dessein de ternir la réputation de son rival avant les élections. Dans les deux cas, il s'agit de protéger le pays des agissements dangereux et nocifs d'un président imprévisible. ... La destitution pourrait par ailleurs renforcer la résolution des forces de sécurité de tout faire pour déjouer une nouvelle tentative de putsch par Trump.»
Il est pourtant déjà sur la touche
Die Presse estime que la procédure de destitution n'est pas indispensable :
«Les électeurs américains ont déjà destitué Trump par leur vote. Joe Biden prêtera serment le 20 janvier. La procédure d'impeachment de Trump n'a aucune chance d'être achevée avant la prise de fonction de Biden. Il serait un peu tard pour le destituer une fois son mandat expiré, et cela volerait la vedette au nouveau locataire de la Maison-Blanche. Trump ne mérite pas tant d'attention. ... Un politique s'est rarement autant disqualifié que l'a fait Donald Trump avec ses sempiternels mensonges. Accepter les défaites électorales et rendre le pouvoir prêté le temps d'un mandat sans faire d'histoire sont des principes fondamentaux de la politique. Ceux qui sont incapables de respecter le règlement devraient être écartés pour toujours du jeu démocratique. Mais c'est là une tâche qui incombe au parti républicain.»
Que les républicains règlent leurs comptes entre eux
La Vanguardia estime qu'il serait plus convaincant que le parti républicain lave son linge sale en famille :
«ll serait bon que Trump soit marqué par le sceau de l’infâme assaut du Capitole qu'il a encouragé, et qu'il soit stigmatisé pour ce qu'il est : un individu inapte à la fonction et, à ce titre, devant être mis en incapacité de l'exercer à l'avenir. Mais la meilleure façon d'y parvenir n'est peut-être pas une opération d'accusation et de destitution par les démocrates, aussi justifiée soit-elle, mais une répudiation par les républicains, qui n'a eu lieu jusqu'à présent qu'à très petite échelle. ... Nous devons trouver une formule pour désamorcer Trump - elle ne doit pas nécessairement être rapide, mais définitive.»
Pologne et Hongrie ont le regard rivé sur Washington
Varsovie et Budapest seront extrêmement attentives au sort que réservera l'Etat de droit américain à la fin de l'ère Trump, écrit Hospodářské noviny :
«En Europe, au chapitre du respect de l'Etat de droit, c'est surtout la Hongrie et la Pologne qui ont fait parler d'elles. A présent, l'attention se porte sur la conclusion de la présidence Trump et sur les répercussions que ceci aura sur le président et sur ses alliés, notamment au pénal. Bien que les systèmes juridiques soient bien différents, il sera très intéressant de voir l'impact de ce jugement dernier sur les alliés de Trump à Budapest ou à Varsovie en termes de perspectives d'avenir. Ce sera l'occasion de constater dans quelle mesure l'Etat de droit se retourne contre ceux qui l'ont malmené pendant des années.»