Kirghizistan : Japarov élu président
Il y a trois mois, le Kirghizistan était le théâtre d'un mouvement de contestation et de bouleversements à la tête de l'Etat. Selon les médias, Sadyr Japarov, qui avait pris les commandes à l'issue des troubles d'octobre, vient d'être élu avec 80 pour cent des voix. Cela marquera-t-il la fin des avancées démocratiques de ces dernières années, ou bien l'amorce de nouveaux problèmes ?
La démocratie désavouée
Si le résultat paraît suspicieux, il est probablement le fruit d'une procédure en bonne et due et forme, fait valoir Frankfurter Rundschau :
«Les habitants du Kirghizistan en avaient assez du chaos de ces dernières années et ont ainsi voté pour un nationaliste populiste avec un penchant pour l'autocratie. Japarov a promis à ses compatriotes d'agir d'une main de fer. Pour pouvoir le faire, il s'est assuré des pouvoirs supplémentaires par référendum. Mais cela, les gens le voulaient aussi. En d'autres termes, au Kirghizistan, le peuple a choisi, dans le cadre d'une élection libre, de porter à sa tête un homme fort parce qu'il en avait globalement assez des déficits de la jeune démocratie. C'est d'autant plus amer que la petite république montagneuse a longtemps été une lueur d'espoir en Asie centrale. Ce n'est plus le cas. Pour le moment du moins.»
Un enjeu considérable
Japarov n'aura pas la tâche facile, croit savoir The Economist :
«La pandémie a entraîné une hausse du chômage. Les attaques menées contre des entreprises lors des troubles du mois d'octobre inquiètent les investisseurs étrangers. La Russie et la Chine, les puissance dominantes dans la région, s'irritent elles aussi de ce tumulte. Japarov assure qu'il a l'intention de combattre le crime organisé et la corruption, mais certains l'accusent d'être lui-même complice de ces fléaux - une accusation qu'il réfute, la jugeant liée à des motivations politiques. Il estime qu'il lui faudra plusieurs années avant de pouvoir honorer sa promesse, à savoir la perspective d'une vie meilleure pour un peuple qui souffre depuis de longues années. ... Avec deux de ses prédécesseurs en exil et un autre en prison, l'enjeu est de taille.»