Un second ramadan sous le signe du confinement
Le ramadan, période du jeûne musulman, a débuté mardi dans le monde entier. Les fidèles adultes et en bonne santé sont appelés à ne rien manger et à ne rien boire entre le lever et le coucher du soleil. En raison de la pandémie, la rupture quotidienne du jeûne, habituellement célébrée en commun, sera proscrite dans la plupart des pays cette année aussi. Une période propice à l'introspection et à la réflexion, jugent les chroniqueurs.
La protection de la santé, un commandement divin
La période du jeûne se déroule à nouveau sous le signe des restrictions cette année, ce qui doit rappeler les musulmans à leurs obligations, estime Hürriyet :
«Selon la croyance musulmane, notre corps nous a été confié pour que nous en prenions soin. ... Le verset 2:195 du Coran est clair : 'Ne vous jetez pas par vos propres mains dans le danger !' Ne s'agit-il donc pas d'une sainte obligation, pour tous ceux qui se disent musulmans, de protéger leur propre vie, celle de leurs proches et celles de tous les être humains ? ... Afin de rester en bonne santé pendant ce ramadan, gardons-nous de prendre des décisions risquées, d'organiser chez nous des rencontres qui ne seraient pas absolument nécessaires ; abstenons-nous des grands rassemblements, pour œuvrer à la guérison collective.»
L'antidote aux excès du déconfinement
Le début du ramadan tombe à point nommé, se réjouit la chroniqueuse Iman Amrani dans The Guardian :
«Personnellement, je ressens ce timing comme une intercession divine. Au moment précis où les nations du Royaume-Uni amorcent leur réouverture, commence un mois sacré placé sous le signe de la discipline, de l'abstinence, de la communauté et de la charité. Un antidote qui tombe à pic au moment où le consumérisme rouvre grand les vannes. Ces dernières décennies, la religion est devenue incroyablement vieux-jeu. Mais le confinement a amené beaucoup d'entre nous à réfléchir un peu plus aux grandes questions de la vie. Quel est le sens de tout cela, au fond, et comment pouvons-nous être des gens plus heureux et meilleurs ? Comment décider de ce que nous chérissons et comment choisir un mode de vie susceptible de préserver ces choses que nous portons dans notre cœur ?»
Le jeûne favorise le dialogue interreligieux
Dans une tribune à Wiener Zeitung, le théologien et professeur de religion Abualwafa Mohammed donne son interprétation du ramadan :
«Selon le Coran, le sens du jeûne consiste à prendre davantage conscience de sa propre personne et de Dieu. Etre conscient de Dieu, cela implique pour un individu de songer à ses traits de caractère, à ses actions et à ses propos, de comprendre et d'exercer sa propre responsabilité sociale. ... Le jeûne musulman n'est pas perçu comme une spécificité islamique, mais comme une expérience commune, qui met le musulman en lien et en harmonie avec les autres religions. ... La période du jeûne n'est pas une phase d'immobilité et d'épuisement, mais une période de recharge spirituelle, d'introspection, de productivité et de gratitude.»