Hongkong : un journal indépendant disparaît
Le quotidien hongkongais prodémocratie Apple Daily a cessé de paraître. La pression exercée par les autorités était devenue trop forte : les actifs du journal avaient été gelés, ses responsables arrêtés. Les autorités chinoises l'accusent de "conspiration avec l'étranger". Next Digital, l'éditeur du titre, a fait savoir que l'édition de jeudi serait la dernière. Consternation du côté de la presse européenne.
La résistance perd son porte-voix
Lentement mais sûrement, le régime chinois étouffe les voix critiques à Hongkong, déplore The Guardian :
«Pékin est fermement résolue à briser cette résistance. L'étau se resserre un peu plus chaque jour. ... Il s'agit certainement de l'heure la plus sombre pour la liberté de la presse dans la région. L'effet dissuasif est considérable, sur les médias comme sur les discussions privées. Les journalistes s'attendent à de nouvelles représailles. Le courage et l'opiniâtreté des reporters hongkongais ont rendu les médias locaux indispensables si l'on veut comprendre ce qui se déroule dans la ville et sur le continent chinois.»
Un signe de faiblesse
Jyllands-Posten juge que l'action des autorités dénote un manque de sérénité :
«Le plus étonnant dans la fermeture d'Apple Daily, c'est que la dictature chinoise doit être incommensurablement faible si elle perçoit le journal pro-démocratie d'une ville du sud du pays comme une menace d'une gravité telle qu'elle doit être éliminée avec la dernière énergie.»
Taïwan, le prochain sur la liste
Corriere del Ticino craint que la Chine n'en ait jamais assez :
«Ainsi s'achève donc l'histoire d'un journal fidèle à la liberté de la presse et victime de la tyrannie. Un destin partagé par les médias et les dissidents dans l'ex-colonie britannique. ... 'Un pays, deux systèmes', avaient promis Margaret Thatcher et Deng Xiaoping, longtemps avant que ne fût conclu l'accord officiel de cession de Hongkong à la Chine en 1997. ... Celui-ci prévoyait que la liberté d'expression et l'Etat de droit, un système pluripartite et des élections au suffrage universel, y soient garantis jusqu'à 2047. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Le plan irrévocable de Pékin est de 'rattacher' aussi la presse de l'ex-colonie à celle du reste du pays. Un processus qui pourrait se reproduire sur l'île de Taïwan, que Pékin veut soumettre à sa juridiction.»