Quel bilan pour le sommet sur la Crimée ?
Dans le cadre d'une conférence consacrée à l'avenir de la Crimée, les représentants d'une cinquantaine de pays ont renouvelé leur condamnation de l'annexion de ce territoire par la Russie. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a sollicité un soutien sans équivoque à la 'désoccupation' de la péninsule. Un porte-parole du Kremlin a qualifié le sommet de "rencontre anti-russe". Dans les médias russes et ukrainiens, les analyses divergent.
La plus grande victoire internationale de Zelensky
Grâce au président ukrainien, la Crimée fait à nouveau les gros titres, se félicite Gordonua.com :
«Jusqu'ici, seuls les plus opiniâtres et les plus romantiques s'intéressaient à la Crimée. Désormais, elle est de nouveau à l'ordre du jour des 46 Etats les plus importants au monde. La Plateforme de Crimée est clairement la plus grande victoire géopolitique des deux années de la présidence Zelensky. Plus qu'un coup de communication réussi, elle forme aussi le socle du projet qui scellera le retour de la Crimée dans le giron ukrainien.»
Sans queue ni tête
Pour l'agence de presse d'Etat Ria Novosti, cette conférence n'a été que du vent :
«Des représentants des Etats et des organisations occidentales se sont rassemblés pour reprendre en chœur la rengaine de la 'menace russe'. Pour finir, ils ont signé un curieux document, apparemment sans l'avoir lu, qu'ils ont baptisé 'déclaration sur la Crimée'. On pourrait dire qu'un éléphant a accouché d'une souris, mais en l'occurrence, il serait plus exact de dire que non pas un éléphant, mais une pelote de souris a accouché d'une 'plateforme'. Difficile de savoir si les organisateurs ont atteint le but qu'ils s'étaient fixé, car personne n'avait jamais vraiment expliqué au départ l'idée directrice qui sous-tendait le projet.»
La pression sur Moscou fait effet
Pour Frankfurter Allgemeine Zeitung, on aurait tort de sous-estimer l'importance du sommet :
«La vaste participation montre que malgré les efforts considérables déployés par la Russie, elle n'est pas arrivée à imposer dans la communauté internationale l'acceptation tacite de ce vol de territoires - ce qui explique qu'elle ait réagi avec colère. Même si une déclaration finale musclée reste son seul résultat, il est important de maintenir ce type de pression sur le régime. Il contribue a protéger d'autres agressions russes non seulement l'Ukraine, mais aussi d'autres victimes potentielles.»
Ne pas abandonner la Crimée sans se battre
Rzeczpospolita préconise pour sa part un soutien bien plus vigoureux à l'Ukraine :
«Le sommet de Kiev montre que l'Ouest ne se sent pas concerné par l'annexion de la Crimée - il s'en lave les mains. Au sein de la Russie, on chercherait en vain des forces susceptibles d'infléchir la politique impériale insensée du président russe actuel. Une situation qui nous pousse à une confrontation permanente avec le Kremlin, que nous le voulions ou non. Nous n'avons pas d'autre choix que de poursuivre la lutte pour reprendre la Crimée.»
Plus que jamais, Poutine peut compter sur le gaz
Les exportations de gaz de Russie confèrent une grande puissance à Moscou, écrit Sydsvenskan, invoquant la déclaration du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, selon lequel Nordstream 2 a une fois de plus changé les règles du jeu :
«Le transit de gaz russe étant pour l'Ukraine une source indéniable de revenus, Zelensky doit aussi penser aux caisses de l'Etat. Mais hélas, il souligne aussi les risques encourus. A plusieurs reprises, le président russe Vladimir Poutine a menacé Kiev de fermer le robinet de gaz. Pourquoi donc le Kremlin ne pourrait-il pas agir de même envers les pays de l'UE en cas de nouvelles hostilités, ou, qui sait, d'annexions ? C'est une éventualité que Bruxelles devrait davantage envisager.»