La semaine de 4 jours en question
L'Islande l'a déjà adoptée ; en 2019, le Premier ministre russe de l'époque, Dmitri Medvedev, la considérait déjà comme la norme du futur ; aujourd'hui, la crise sanitaire donne des ailes à l'idée de la semaine de 4 jours. Selon des sondages, beaucoup de gens souhaiteraient continuer à télétravailler partiellement, et préfèreraient travailler 30 heures par semaines, quitte à gagner moins. Alors à quand la semaine de quatre jours ? Les avis sont partagés.
Une révolution inéluctable
Les travailleurs ont pris goût aux nouvelles formes de travail que la pandémie a fait émerger, fait valoir Der Standard :
«Le marché du travail est en proie à une révolution silencieuse mais puissante. ... Sous l'effet de la pandémie, du chômage partiel et du télétravail, une prise de conscience s'est faite. Elle a amené beaucoup de gens à se demander comment ils souhaitaient vraiment travailler. ... L'enjeu est de taille : transformer le monde du travail pour lui donner des dimensions humaines, adaptées à des projets de vie modernes. Et pour lui insuffler des valeurs avec lesquelles les gens s'identifient vraiment. Le profit et la rentabilité ne sont pas des valeurs. La chaleur et la capacité à tisser des liens relationnels dans les rapports direction/employés, ce sont des valeurs. Cette dynamique aboutira peut-être à l'instauration de la semaine de quatre jours comme norme. Les entreprises qui ne comprennent pas ce qui est en train de changer sont fort probablement vouées à rater le coche.»
Des blocages dans les têtes
Les esprits ne sont pas encore prêts pour le changement, répond pour sa part l'écrivaine Anna Dziewit-Meller dans Polityka :
«Il se passe des choses intéressantes dans le monde, mais mon cerveau de travailleuse formaté dans les années 2000 a autant de mal à les assimiler que la théorie des cordes ou les principes de la thermodynamique. La semaine de quatre jours, par exemple, a été introduite à titre expérimental par plusieurs employeurs. ... J'ai une connaissance qui dirige une petite entreprise familiale à Varsovie et qui a mené l'expérience sur une période prolongée. Sa conclusion : ce modèle de travail fonctionne globalement bien, mais il ne convient pas à tout le monde. ... Deux de ses collaborateurs notamment le désapprouvent. Certains d'entre nous, y compris moi, devons commencer par apprendre à travailler moins mais de manière plus efficace. ... Nous vouons encore un culte aux sacro-saintes heures supplémentaires. Dans notre esprit, le dévouement à notre travail se mesure à l'aune de ce critère quantitatif.»