Etats-Unis : les démocrates en difficulté ?
Selon les estimations, le républicain Glenn Youngkin a remporté les élections pour le poste de gouverneur de l'Etat de Virginie - un scrutin considéré comme un indicateur important de l'opinion avant les élections de mi-mandat de l'année prochaine aux Etats-Unis. Si les démocrates perdent leur fragile majorité au Sénat en 2022, Joe Biden aurait encore plus de mal à mettre en œuvre son programme. En Europe, la presse suit la question avec attention.
L'inflation plombe la popularité de Biden
Outre la pandémie et la débâcle afghane, Izvestia évoque d'autres raisons susceptibles d'expliquer la baisse de popularité de Biden et des démocrates :
«S'y ajoutent les problèmes liés au vote du budget fédéral au Congrès et une inflation - inhabituellement haute pour les Etats-Unis - de 5,4 pour cent. ... C'est bien connu : les Américains votent avec le porte-monnaie, et un an après la victoire des démocrates aux élections, les Etats-Unis sont bien loin de la prospérité annoncée. Ce n'est pas encore une catastrophe, mais même sous Trump, on ne titubait pas au bord du précipice. ... Alors qu'il était au plus haut dans les sondages auparavant, Biden a vu sa cote de popularité sombrer et tutoyer celle de son prédécesseur. Il lui sera difficile désormais de redresser la barre.»
Des querelles intestines délétères
Les démocrates se mettent eux-mêmes des bâtons dans les roues, déplore Avvenire :
«Un duo de sénateurs, Joe Manchin et Kyrsten Sinema, a infligé un revers à Biden : ils ont saboté - puis littéralement dépecé - son projet de réformes économiques, sociales et écologiques. Or ces deux sénateurs sont démocrates, pas républicains. ... Joe Biden ne parvient pas à tenir les rênes d'un parti querelleur et divisé, qui tente de concilier au Congrès des radicaux tels Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez et des stratèges expérimentés et modérés comme Nancy Pelosi. Résultat : divisés sur (presque) tout, les démocrates perdent du terrain et les sondages confirment la chute de popularité du président.»
Rien de catastrophique
The New Statesman relativise cette défaite :
«Depuis les années 1970, le parti actuellement au pouvoir à la Maison-Blanche n'a remporté qu'une seule fois l'élection du gouverneur de Virginie. ... Dans d'autres Etats, les nouvelles sont moins sombres pour les démocrates. Les progressistes se consoleront avec l'élection de Michelle Wu, candidate du Green New Deal. ... Elle sera la première femme et première Américaine d'origine asiatique à être maire de Boston. Et une année encore nous sépare des élections de mi-mandat. En d'autres termes, les démocrates doivent reconnaître que si la Virginie est perdue, l'espoir ne l'est pas. Pour rallumer la flamme de l'espoir, il leur faut proposer davantage aux Américains que la seule opposition à Trump.»
La modération, un gage d'avenir
Glenn Youngkin a privilégié une posture bien moins agressive que Trump pour l'emporter. Le journal Le Temps ne pense pas toutefois que les républicains misent sur cette stratégie à long-terme :
«Car Donald Trump, les sondages le prouvent, reste pour le parti une formidable machine de guerre électorale et financière, malgré les (nombreuses) casseroles qu’il traîne. Avec, d’ailleurs, un effet paralysant : la maxime 's’il y va, j’y vais pas' prévaut chez les rares républicains non trumpistes qui seraient tentés par une course à la Maison-Blanche. … Une mue du Parti républicain est pourtant indispensable, pour que le GOP redevienne une formation à la fois forte et respectueuse des règles démocratiques. C’est bien parmi les républicains modérés qui refusent de voter démocrate que se trouve le terreau que le parti doit cultiver s’il veut réussir sa transition post-Trump.»