Le 'Partygate' fera-t-il tomber Johnson ?
Depuis plusieurs jours, le Premier ministre Boris Johnson est fragilisé par des scandales liés à des fêtes qu'il aurait données à Downing Street l'an dernier au mépris du confinement alors en vigueur. Vient de fuiter une photo représentant Johnson flanqué de collègues en train de participer à un quiz de Noël en ligne. La presse européenne se penche sur les suites que pourrait avoir ce scandale.
La tolérance de ses soutiens s'amenuise
Les collègues tory de Johnson commencent à perdre patience, observe De Morgen :
«Dans un pays où la politique sanitaire repose entièrement sur la confiance en l'Etat et le respect des mesures, les lourds soupçons qui pèse sur Downing Street d'avoir été le théâtre, à l'automne dernier, de plusieurs soirées pendant le confinement passent mal. L'autorité des leaders politiques s'en trouve minée. ... Les tories n'ont jamais porté dans leur cœur ce cavalier seul au grand charisme. Mais tant qu'il remportait les élections, ils le soutenaient. ... Maintenant que les travaillistes le doublent clairement dans les sondages, cette tolérance commence lentement à s'épuiser. Johnson fait l'effet d'un leader faible, porté par une poignée de suiveurs.»
Le Premier ministre a du plomb dans l'aile
Kleine Zeitung croit elle aussi que la réaction de son propre camp décidera en grande partie du sort de Johnson :
«La semaine n'a vraiment pas été idéale, mais elle aurait pu être pire. Chez les tories, un certain nombre de députés, voire même de ministres, pourraient se soulever contre lui. Sur de nombreux fronts, le Premier ministre fait face à une pression croissante. Pourtant, la lutte contre le virus exige actuellement toute son attention. Mais il passe tout son temps à s'occuper d'une crise qu'il a lui-même provoquée. Mauvaise passe en perspective pour le Premier ministre. L'avenir dira s'il y survivra.»
Très vulnérable aussi sur le flanc sanitaire
Un échec des nouvelles restrictions en raison du scandale augmenterait encore les embarras de Johnson, écrit El Mundo :
«A la veille d'une rébellion de la part de dizaines de députés conservateurs qui contestent les nouvelles restrictions visant à combattre les effets du variant Omicron, et alors que les contagions augmentent de manière alarmante, si les révélations devaient être confirmées, le scandale ébranlerait l'assise politique de Johnson. ... Il sera très difficile pour le Premier ministre de gagner la confiance des Britanniques dans la lutte contre la nouvelle vague d'infections, car peu d'entre eux croiront en des mesures que le Premier ministre foule lui-même aux pieds de manière si flagrante.»
Ce serait un bon point pour l'Irlande
La position de faiblesse de Westminster pourrait profiter à l'Irlande dans ses négociations sur le protocole nord-irlandais, espère The Irish Independent :
«Nous pouvons avoir la certitude que nos zélés fonctionnaires et diplomates irlandais, qui ont plaidé la cause de l'Irlande avec grande diligence dans le monde post-Brexit qui est le nôtre depuis juin 2016, suivent de très près le tour que prend actuellement la politique britannique. Commenter les déboires politiques de nos voisins n'a jamais été le rôle de nos diplomates, fonctionnaires et leaders politiques. Il n'en reste pas moins qu'une sortie de scène prématurée de Johnson pourrait préparer le terrain à une issue du Brexit plus favorable pour l'Irlande, du Nord comme du Sud. Le Royaume-Uni a déjà fait d'importantes concessions sur le Brexit, sur lesquelles une diplomatie discrète et résolue peut bâtir.»