Hongrie : une alternance est-elle possible ?
Des législatives auront lieu en avril en Hongrie. Pour la première fois depuis longtemps, le Premier ministre sortant Viktor Orbán, qui dispose avec son parti Fidesz d'une majorité des deux tiers au Parlement depuis 2010, pourrait avoir du mal à se faire réélire. L'opposition resserre les rangs, et son candidat, Péter Márki-Zay, est au coude à coude avec Orbán dans les sondages. Pour les éditorialistes, une victoire électorale ne suffira pas à assurer l'alternance.
L'opposition aurait les mains liées
Polityka appelle à ne pas se bercer d'illusions :
«Le Fidesz reste le favori du scrutin. ... Même si l'opposition l'emportait, elle serait confrontée à toute une série d'obstacles législatifs. Suite à la révision de la Constitution du pays - modifiée à neuf reprises par le Fidesz - il faut disposer d'une majorité des deux tiers au Parlement pour voter des lois dans de plus en plus de domaines. ... Si l'opposition adopte une loi spécifique sans majorité qualifiée, le président peut saisir la Cour constitutionnelle, et il y a de fortes chances que celle-ci la retoque. Le nouveau gouvernement agirait au sein du cadre limité qui lui a été assigné par son prédécesseur.»
Orbán a pris ses dispositions
Népszava se demande si l'on peut encore envisager une passation de pouvoir démocratique dans la Hongrie d'aujourd'hui :
«Le parti au pouvoir peut compter sur un certain nombre d'institutions, du chef de l'Etat au Conseil budgétaire en passant par la Cour constitutionnelle, qui ne sont pas forcément prêtes à accepter un changement de pouvoir. Si Orbán a démantelé les structures démocratiques, il ne l'a pas fait sur un coup de tête ; son but était aussi de créer les conditions de son inamovibilité.»