Guerre en Ukraine : politique des médias et censure
La guerre se double aussi d'une bataille pour contrôler l'opinion publique. Afin d'empêcher la propagande russe en Occident, l'UE entend interdire la diffusion des médias d'Etat russes RT et Sputnik. Le Kremlin interdit de son côté les chaînes critiques du pouvoir en Russie et durcit les lois relatives aux médias. Même si les mesures adoptées en Europe ne sont pas comparables à la censure russe, les médias appellent à préserver la liberté d'opinion.
Il faut savoir supporter les mensonges
La République tchèque a fermé plusieurs sites Internet pro-russes qu'elle accuse d'"incitation à la haine". Une décision erronée, estime Deník :
«Les opinions pro-Poutine et les infox constituent-elles une menace pour notre sécurité ? La réponse est non. L'écrasante majorité de l'opinion condamne l'invasion de l'Ukraine. Les gens sont nombreux à apporter leur aide. Une poignée de trolls pourront-ils y changer quelque chose ? ... Approuver des agressions constitue un délit. Mais cela ne signifie pas pour autant que c'est une bonne chose de réduire au silence des plates-formes susceptibles de le faire. La liberté d'opinion est l'un des biens les plus précieux de la démocratie. ... Si nous voulons la liberté, il faudra endurer les mensonges, mais nous n'avons pas à les croire.»
Réfuter les infox plutôt que de censurer
Des médias critiques du Kremlin, comme la radio Ekho Moskvy et la chaîne TV Dojd, seront interdits d'antenne en Russie. Une loi entend en effet sanctionner la "dénaturation des objectifs, du rôle et de la mission des forces armées". Dans Novaïa Gazeta, le politique d'opposition Boris Vichnevski critique la censure :
«Que l'on dise à ceux qui combattent ces 'infox' : si vous en détectez, il ne tient qu'à vous de les dénoncer. Montrez au monde entier qui au juste dénature la vérité dans cette 'opération spéciale'. Mais faites-le en avançant des faits et des preuves vérifiables. De la même façon que de nombreux médias russes et occidentaux ont mis à jour la propagande d'Etat russe dans 'l'affaire de l'enfant crucifié' [dans le conflit dans le Donbass] et 'l'avion ukrainien' [les responsables des tirs contre le vol MH17]. Mais tout bonnement les interdire, ça vous n'en avait pas le droit.»
Un appel aux Russes
Sur sa une et dans son éditorial, le journal danois Politiken s’adresse directement à la population russe, dans la langue de Pouchkine :
«Les sanctions qui isoleront et appauvriront la Russie vous rendront la vie plus difficile. Leur objectif n'est pas de viser les Russes, mais d'aider l'Ukraine et votre propre peuple. L'Occident tend la main en direction de l'Est, y compris à la Russie. Nous disons non à l'agression sanglante du président Poutine. Nous disons oui à la Russie et aux personnes qui méritent mieux que Poutine et son autocratie meurtrière et despotique. Et en notre qualité de journal danois, nous disons d'abord oui à une couverture médiatique authentique et honnête de cette guerre abominable, dans laquelle votre président a plongé l'Ukraine et le reste de l'Europe.»