Guerre en Ukraine : la capitulation sinon rien ?
Dans la guerre contre l'Ukraine, le président russe ne montre aucun signe de fléchissement. Après lui avoir parlé au téléphone, Emmanuel Macron craint que 'le pire soit à venir'. Suite au bombardement de la centrale nucléaire de Zaporijia, Kiev dénonce un 'terrorisme nucléaire' et implore le monde de lui fournir davantage d'armes. Les commentateurs européens se demandent s'il est possible de l'arrêter.
Une guerre appelée à durer
Lidové noviny ne se fait pas d'illusions :
«Les grandes guerres se gagnent par la supériorité technique et matérielle. En l'occurrence, elle est du côté des Russes. Comment se représenter une telle victoire ? ... Il est peu probable qu'elle prenne la forme d'une occupation de toute l'Ukraine et d'une annexion par la Russie. Or Poutine ne renoncera pas à asservir le pays à sa domination, et Kiev n'y consentira jamais. Cette guerre est donc appelée à durer. Mais au vu de l'évolution des fronts et de l'avancée russe sur le littoral de la mer Noire, il y a de quoi être assez pessimiste. Il ne faut pas s'attendre à ce que les réfugiés ukrainiens qui arrivent chez nous retournent dans leur pays.»
Les prochains sur la liste
La Vanguardia n'exclut pas que des membres de l'OTAN soient attaqués eux aussi :
«Le pire sera le massacre que Poutine a lui-même annoncé si le gouvernement ukrainien ne capitule pas sans conditions. ... Le pire sera de savoir ce que Poutine a l'intention de faire s'il réussit à occuper l'Ukraine et à mettre en place un gouvernement fantoche. ... Des pays comme la Géorgie, la Moldavie et les républiques baltes ont peur d'être les suivants sur la liste. Le pire, c'est que si l'un de ses membres est attaqué, l'OTAN devra réagir pour les défendre. ... Des perspectives vraiment démoralisantes.»
Instaurer une 'no-fly zone' !
Après l'attaque de la centrale nucléaire de Zaporijia, Gordonua.com appelle à établir une zone d'exclusion aérienne en Ukraine, selon l'argumentation suivante :
«De manière générale, des occupants ont les raisons suivantes de cibler des centrales nucléaires : pour provoquer une dissémination de matériaux radioactifs, pour interrompre l'alimentation électrique, comme levier de pression dans le cadre de 'pourparlers de paix'. De plus, une destruction des installations par un occupant en retraite peut provoquer d'importants dommages et aggraver encore le chaos existant. ... Pour ces raisons, l'UE et le monde doivent réagir rapidement pour mettre fin à la guerre commencée par la Russie et garantir que les activités militaires dans l'entourage des centrales ne puissent entraîner une nouvelle catastrophe sur notre planète.»
Empêcher une catastrophe humanitaire
La seule chose négociable est la question humanitaire, écrit le commentateur Anton Orekh sur Ekho Moskvy :
«Des négociations pourraient porter sur l'échange de combattants morts, blessés ou prisonniers. Jusqu'ici, notre ministère de la Défense n'a rien dit sur les prisonniers, mais il est impossible qu'au bout d'une semaine de combats, personne ne soit tombé aux mains des adversaires. Nous ne sommes tout de même pas aveugles, suffisamment de vidéos circulent sur Internet. Du reste, les deux camps parlent désormais de catastrophe humanitaire dans les villes assiégées. Il est urgent d'y remédier ! Les négociations doivent porter sur le côté strictement humanitaire. Je ne vois pas comment on pourrait se mettre d'accord sur d'autres points.»
Ne pas humilier Poutine
Dans la situation actuelle, il est de la plus haute importance que la communauté internationale garde son sang froid, estime Avvenire :
«Le leader du Kremlin s'est trompé dans ses calculs. La résistance des Ukrainiens, la réaction de l'Occident, la solidarité de milliards de personnes et les mécanismes de la communication mondiale l'ont affaibli. Ce serait une erreur à ce stade de nous laisser entraîner dans le maelström d'une surenchère, car contre une puissance nucléaire, une victoire totale (comme à l'issue de la Seconde Guerre mondiale) n'est pas possible. Et l'humiliation d'un adversaire qui n'est pas complètement vaincu a des effets désastreux, comme ceux dénoncés par John M. Keynes après la Première Guerre mondiale, qui avaient été à l'origine du nazisme. L'Occident évoluant sur une ligne de crête extrêmement glissante, toute intensification de l'agressivité serait très dangereuse.»
Les dictateurs acculés sont dangereux
Bert Wagendorp, chroniqueur à De Volkskrant, se demande si Poutine s'est fourvoyé :
«Les cercueils de jeunes hommes russes auront commencé à être rapatriés vers la mère patrie - ce qui n'est pas le meilleur moyen de relever sa cote de popularité. Peut-être Vladimir Vladimirovitch s'est-il embarqué dans une entreprise perdue d'avance. Mais l'acceptera-t-il un jour ? Combien de morts lui faut-il encore ? Faut-il que Kiev se transforme d'abord en une seconde Grozny ? A partir de quand l'économie russe sera-t-elle suffisamment affectée ? Poutine a tendu un piège, il y est lui-même tombé et maintenant il n'arrive plus à en sortir. C'est dangereux, car les dictateurs qui sentent leur défaite approcher ont tendance à faire n'importe quoi.»