Un message difficile à décrypter
Pravda fait part de sa déception :
«L'Ukraine se trouvant en état de guerre, il va sans dire qu'une adhésion de l'UE est encore bien loin. On s'attendait toutefois à ce que le sommet émette un signal fort. On reste sur sa faim. Flou total aussi sur la manière dont nous comptons procéder une fois que la paix sera revenue en Ukraine. ... Nos efforts pour trouver un modus vivendi avec la Russie sont eux aussi vains. Il se peut que nous comptions trop sur des sanctions de grande envergure pour briser l'économie russe, forcer Poutine à négocier et mettre fin à l'invasion. Et si nous obtenions l'effet inverse ? Plusieurs experts ont rappelé l'erreur commise au lendemain de la Première Guerre mondiale. Les dures sanctions infligées à l'Allemagne vaincue avaient entraîné une radicalisation qui a abouti à la prise de pouvoir par les nazis.»
L'UE doit prouver sa détermination
Si les Etats membres ont une fois de plus fait preuve de cohésion, des disparités pourraient apparaître au niveau de la mise en œuvre des mesures décidées, fait observer La Libre Belgique :
«À Versailles, les leaders européens ont soutenu du bout des lèvres les 'aspirations européennes' de l'Ukraine, sans cacher leurs divisions sur son éventuelle adhésion. Ils se sont engagés à se défaire de leur addiction aux hydrocarbures russes, mais peinent à s'entendre sur un calendrier, les uns étant plus dépendants que d'autres. Or, c'est à l'heure d'opérer les choix les plus difficiles que l'Union devra faire la preuve de sa cohésion et de sa détermination.»
D'autres pays patientent depuis plus longtemps
Une procédure d'adhésion de l'Ukraine en mode accéléré pourrait provoquer des tensions avec d'autres Etats désireux de rejoindre l'UE, fait observer Népszava :
«L'adhésion de l'Ukraine à l'UE est une question délicate et pas seulement en raison des critères d'adhésion. Quelles seraient par exemple les réactions du Montenegro ou de la Serbie, qui attendent depuis des années une avancée de leur candidature, si l'Ukraine devenait membre de l'Union avant eux ? Comment expliquer la chose à la République de Macédoine du Nord, qui n'a même pas pu postuler bien qu'elle remplisse déjà beaucoup de critères ?»
A qui une guerre longue profiterait
L'Europe, qui ressent les premiers effets de la guerre, tente par tous les moyens d'y mettre rapidement fin. On ne peut pas en dire de même de tout le monde, lit-on dans Adevărul :
«Certaines mesures des Etats-Unis semblent indiquer qu'ils ont intérêt à entraîner la Russie dans un conflit de longue durée qui la rendra exsangue, qui l’empêchera d'agir sur d'autres fronts et qui affaiblira ses relations avec la Chine, provoquant éventuellement un effondrement du régime poutinien. On a de bonnes raisons de penser que la Russie ne souhaite pas elle non plus que la guerre dure encore longtemps. Mais le Kremlin, tout comme de larges pans de la société russe, sont prêts à poursuivre les hostilités si aucune autre solution ne se profile.»