Russie : l'impact limité des sanctions
Une rencontre des ministres européens des Affaires étrangères lundi n'a pas abouti à un embargo sur le pétrole russe. Mais selon le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, l'option n'est pas écartée. En attendant, d'aucuns trouvent des stratagèmes pour contourner les sanctions, comme le pointe la presse.
La Russie mieux lotie qu'avant
Vedomosti explique pourquoi la balance commerciale du pays ne pâtit pas des sanctions occidentales :
«Nous constatons un effondrement des importations et un léger recul des exportations, largement compensé toutefois par la hausse des prix des matières premières. Résultat : cette année encore, l'excédent de la balance commerciale battra des valeurs record et les liquidités seront suffisantes. ... Les importations de machines et de technologies enregistrent une baisse sans précédent (70 pour cent) et les importations de biens de consommation baissent actuellement d'un tiers chaque mois. ... Les cycles économiques ont évolué, la situation s'est détériorée - mais la différence entre recettes et dépenses a augmenté.»
Quand le pétrole change d'origine en haute mer...
Kommersant s'attend à des combines du secteur pétrolier pour contourner les sanctions, s'inspirant des pratiques de l'Iran et du Venezuela :
«Les histoires de mélanges de carburants ont beau faire sourire, il y a fort à parier qu'elles serviront de modèle à de vastes opérations de 'blanchiment' des matières premières russes. ... Des pétroliers chargés à bloc quittent les ports russes à la faveur de la nuit, leur système de localisation éteint, et une fois en haute mer, ils transvasent leur cargaison sur des navires neutres battant officiellement pavillon kazakhe (ou norvégien ou saoudien). Les pétroliers et les armateurs soupçonnés seront frappés de sanctions, mais ils seront vite supplantés par de nouveaux navires et de nouveaux trafiquants. Le coût de l'opération est compensé par le faible prix du pétrole russe par rapport à celui du marché mondial.»
Les oligarques sont plus réactifs
Le gouvernement néerlandais est critiqué pour sa lenteur dans la mise en œuvre de sanctions contre les oligarques russes. Sheila Sitalsing, chroniqueuse à De Volkskrant, regrette que le préposé à la coordination des sanctions, Stef Blok, ait toujours un temps de retard :
«Jusqu'à récemment, le yacht de 50 mètres qui mouillait dans le port de Vlissingen appartenait à Roman Abramovitch. Avant de changer subitement de propriétaire, comme l'a révélé The Guardian la semaine passée. Juste après l'invasion de l'Ukraine, il a été mis au nom d'un ami. ... Depuis 2014, les Pays-Bas sanctionnent la Russie. ... Mais chaque fois qu'un nouvel oligarque est placé sur la liste de sanctions, il arrive à se débarrasser de son affaire avant même que Stef Blok n'ait le temps d'ouvrir son fichier Excel.»