Il y a deux ans, le Bélarus se soulevait
En août 2020, le dirigeant de longue date Loukachenko se proclamait vainqueur des élections présidentielles au Bélarus, alors que pour l'opposition et les observateurs internationaux, la victoire revenait probablement à Svetlana Tikhanovskaïa. Les manifestations de masse en réaction à cet événement avaient été violemment réprimées et Loukachenko est toujours au pouvoir. La presse européenne dresse un bilan.
Vers un nouveau Solidarność ?
Le mouvement démocratique est sur la bonne voie, fait valoir Krytyka Polityczna :
«La société biélorusse a montré ce dont elle était capable en 2020 : elle a misé sur une résistance de longue haleine, elle a créé des médias libres et constitué une diaspora influente, ce qui est toujours un précieux soutien. Actuellement, les Biélorusses prennent les armes, probablement pour la première fois de leur histoire. Plusieurs bataillons biélorusses se battent en Ukraine, leur courage et leurs victoires sur le champ de bataille sont déjà légendaires. ... En 2020, l'opposition biélorusse n'avait rien. ... Aujourd'hui encore, il semble qu'elle n'ait aucune perspective de s'affirmer. Tout comme la Pologne en 1983, après la dissolution de Solidarność. Il a fallu attendre de nombreuses années pour assister à une percée démocratique, mais elle a fini par avoir lieu. Les Biélorusses sont sur la même voie.»
Le triomphe de la répression
Tous les espoirs ont été déçus, déplore LRT :
«Deux ans de répression auront suffi pour que les Biélorusses remisent en grande partie leurs perspectives de démocratisation et de soutien de l'Occident. Deux années se sont écoulées et malheureusement, le mécanisme spécial du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) n'a abouti à rien de concret. ... Les victoires remportées contre les manifestants ont encouragé les forces de sécurité à resserrer l'étau sur la société civile. Les manifestants et leurs proches ont été arrêtés, passés à tabac, soumis à des interrogatoires, calomniés et poursuivis, leurs domiciles ont été perquisitionnés, des centaines de personnes ont été punies, placées en détention et accusées de crimes. Ceux qui ont pu s'enfuir ont quitté le pays.»
Il faut soutenir l'opposition
L'UE doit faire preuve d'une plus grande solidarité dans la lutte biélorusse pour la liberté, écrit Dagens Nyheter :
«Nous pouvons faire davantage pour leur cause, tout comme nous pouvons faire davantage pour l'Ukraine. Ils ont besoin de notre aide. Il existe des mesures simples, par exemple une évaluation régulière de la situation au Bélarus. D'autres mesures sont plus compliquées, par exemple renoncer complètement au gaz russe, même si nous allons au devant de temps difficiles. Car s'il est un domaine dans lequel nous sommes souvent naïfs, c'est bien la politique extérieure. Mais si nous ne nous y mettons pas sans tarder, quand comprendrons-nous enfin de quoi sont capables les régimes de terreur au pouvoir en Russie et au Bélarus ?»