Vers une nouvelle guerre au Haut-Karabakh ?
Dans le conflit qui oppose l'Azerbaïdjan et l'Arménie au Haut-Karabakh, près de 100 personnes auraient été tuées dans de nouvelles attaques. Les chroniqueurs y voient la conséquence de l'évolution des rapports de force sur fond de guerre en Ukraine et redoutent de nouveaux combats.
Erdoğan en profite
Soutien de l'Azerbaïdjan, la Turquie veut tirer parti de l'affaiblissement des troupes russes en Ukraine, juge le banquier d'investissement Serhiy Foursa dans un post Facebook relayé par Gordonua :
«Erdoğan a jugé que c'était le moment de procéder à des frappes. Voilà pourquoi l'Azerbaïdjan attaque l'Arménie. Erdoğan a compris qu'à l'heure actuelle, la Russie ne pouvait se permettre d'intervenir, car l'appartenance de l'Arménie à l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) ne joue plus aucun rôle. ... Avec ces frappes, Erdoğan ne se joue pas seulement de Poutine et des généraux russes, mais aussi de l'OTSC, dont il remet en cause l'influence en Asie centrale.»
Les territoires satellites quittent leur orbite
Il y aura d'autres secousses en périphérie de la puissance russe, assure le politologue Sergueï Medvedev sur Facebook :
«Il me semble que l'actuelle débâcle de l'armée russe pourrait donner des idées en Abkhazie et en Ossétie-du-Sud. Si j'étais la Géorgie, je n'hésiterais pas. ... De la région de Klaipėda au fleuve Terek, la ceinture de 'territoires pirates' péniblement conquis par la Russie est en train de se déliter progressivement : Ossétie, Abkhazie, RPD/RPL [républiques autoproclamées de Donetsk et Louhansk], Crimée, Transnistrie, Bélarus - sans oublier la Tchétchénie. ... Les stratèges ratés du Kremlin ne se rendent pas compte de la boîte de Pandore qu'ils ont ouverte le 24 février dernier.»
Moscou agace les deux camps
La Russie n'est plus à la hauteur de son rôle de médiateur au Haut-Karabakh, assure Süddeutsche Zeitung :
«Le conflit reste irrésolu - il y a régulièrement eu des échanges de tirs et des morts ces derniers mois. Moscou n'a pas dit grand chose à ce propos. La Russie pourrait désormais achever de décevoir les deux camps. Les Arméniens, qui se sentent à nouveau laissés pour compte face aux nouvelles frappes azerbaïdjanaises. Mais aussi les Azerbaïdjanais, qui doivent envisager les soldats de Moscou au Haut-Karabakh comme une puissance ennemie. Si les Azerbaïdjanais devaient vraiment tenter de conquérir de nouveaux territoires, Moscou aurait définitivement échoué à mener à bien sa mission de maintien de la paix.»