Entre l'Allemagne et la Pologne, une nouvelle brouille
Si Varsovie avait d'abord salué la proposition de Berlin de livrer des missiles Patriot à la Pologne après la frappe de Przewodów, le chef de file du PiS, Jarosław Kaczyński, et le ministre polonais de la Défense, Mariusz Błaszczak, ont proposé que ces armes soient plutôt livrées à l'Ukraine. La ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a émis des réserves, rappelant que les missiles Patriot étaient réservés au territoire de l'OTAN. Faut-il y voir une manœuvre électorale du PiS ?
Pour Kaczyński, seules les élections comptent
Rzeczpospolita fait part de son désenchantement :
«Si Varsovie était réellement intéressée par une participation accrue de l'Allemagne - et, indirectement, des Etats-Unis - à la défense de l'Ukraine, la proposition polonaise aurait été communiquée par la voie diplomatique. Or elle a été faite dans le cadre d'un entretien accordé par Kaczyński à [l'agence de presse] PAP, et elle a totalement pris de court les partenaires occidentaux. Ce choix sape malheureusement les espoirs de ceux qui pensaient que sur fond de guerre en Ukraine, le PiS, plutôt que de se focaliser sur les moyens à mettre en œuvre pour remporter les élections dans dix mois, aurait privilégié des thématiques plus importantes. La nécessité, par exemple, d'entretenir un semblant de bonnes relations avec notre partenaire occidental.»
Pas de relations harmonieuses à l'ordre du jour
La démarche de Varsovie en dit long sur les relations germano-polonaises, estime Phillip Fritz, correspondant du quotidien Die Welt à Varsovie :
«Cela revient à dire que la réputation de l'Allemagne auprès de son grand voisin oriental est ruinée et que Berlin a affaire à un pays qui fait parfois primer le ressentiment germanophobe sur l'unité de l'alliance occidentale, sur de bonnes relations avec son voisin occidental et même sur sa propre sécurité. Berlin doit en tirer les conséquences dans son action politique vis-à-vis de Varsovie. ... Elle doit néanmoins s'efforcer de maintenir de bonnes relations avec ce partenaire difficile. Le pays étant tout simplement trop proche et trop important.»
Un soutien inconditionnel s'impose pour deux raisons
Sur le portail pro-PiS wPolityce.pl, le journaliste Marcin Wiklo estime que la balle est dans le camp des Allemands :
«Accepteront-ils la proposition de Mariusz Błaszczak [ministre de la Défense] et soutiendront-ils enfin l'Ukraine sans ambiguïté ? A mon avis, ils devraient s'y résoudre, et ce pour deux raisons. D'une part pour protéger le flanc oriental de l'OTAN, d'autre part pour laver Berlin d'un soupçon - celui d'être un pays s'embourbant dans le doute, tiraillé entre deux envies : celle de voir l'Ukraine vaincre et celle de reprendre ses affaires avec Moscou. La réponse ne saurait tarder.»