Ukraine : débat sur une nouvelle loi sur les médias
La semaine passée, le Parlement ukrainien a adopté à une large majorité un nouveau projet de loi sur les médias. Dans le contexte de sa candidature à l'UE, l'Union avait conseillé à l'Ukraine de réformer sa législation en la matière. Le projet prévoit notamment de restreindre l'influence des oligarques sur les médias ukrainiens. Certains commentateurs craignent une trop grande emprise de l'Etat sur la liberté rédactionnelle.
Un grand pas vers Bruxelles
Pour Dmitro Krivocheïev, Olga Limar et Denis Davidenko, membres du groupement d'organisations étatiques et non-étatiques Reanimation Package of Reforms, attaché à promouvoir les réformes dans différents domaines de la vie publique en Ukraine, la nouvelle loi sur les médias est un pas dans la direction de l'UE, comme ils l'écrivent dans Ukraïnska Pravda :
«D'une certaine manière, la restriction de l'influence des oligarques est en partie tributaire de la recommandation de la Commission européenne, de l'adoption d'une loi sur les médias qui mette la législation ukrainienne régissant les services médiatiques audiovisuels en conformité avec les directives européennes. ... La nouvelle loi renforce particulièrement les pouvoirs de l'autorité de surveillance des médias, le Conseil national de l'audiovisuel.»
Interdictions et restrictions
La loi sur les médias ampute la liberté de la presse, écrit sur gordonua.com Tetiana Kotyouchinska, présidente de l'Association nationale des médias ukrainiens :
«La moitié du projet de loi vise à modifier et à compléter la régulation du travail journalistique. Quelle en est la substance ? Interdictions et restrictions. A l'heure actuelle, les syndicats de journalistes européens débattent d'un Media Freedom Act, censé restreindre le pouvoir des propriétaires de médias et conférer aux collectifs de journalistes davantage de droits tout en leur garantissant une indépendance rédactionnelle. L'Ukraine doit revenir à l'agenda européen en toute honnêteté et toute transparence, et tourner le dos aux rêves de censure d'inspiration asiatique.»
Toutes les conditions remplies pour la censure
Sergui Tomilenko, chef du Syndicat national des journalistes d'Ukraine, diffuse sur Facebook un appel à repousser le débat parlementaire sur le projet de loi jusqu'à la victoire de l'Ukraine :
«Il ressort de l'analyse du projet de loi sur les médias qu'il pavera la voie à des instruments de censure et à une restriction considérable de la liberté d'expression en Ukraine. ... Une série de nouvelles dispositions élargira grandement les compétences de cet organe de l'Etat - le Conseil national de l'audiovisuel - que les auteurs de la loi considèrent comme une autorité régulatrice indépendante. ... Ce conseil aura notamment le pouvoir de donner des consignes contraignantes à l'attention des rédactions de tous les médias, d'imposer à tous les médias des sanctions financières et de prononcer une interdiction de diffusion provisoire de 14 jours aux médias en ligne, sans décision de justice.»