Assaut du Capitole : vers une inculpation de Trump ?
La commission d'enquête parlementaire sur l'assaut du Capitole recommande une mise en accusation de l'ex-président Donald Trump, notamment pour conspiration et incitation à une insurrection. Une recommandation qui place le ministre de la Justice Merrick Garland devant un véritable dilemme, estime la presse européenne.
Ouvrir des poursuites coûte que coûte
Dagens Nyheter souligne la difficulté de la décision qui incombe désormais au ministre de la Justice et procureur général Merrick Garland :
«Si les preuves sont concluantes, Garland sera bien obligé de porter plainte. Ne pas le faire en invoquant les risques politiques encourus reviendrait à placer la politique avant la loi. ... Dans la pratique, cette priorisation pourrait être pire que l'ouverture de poursuites. Elle reviendrait à dire que le président est au-dessus des lois et qu'il est impossible de lui demander de répondre de ses actes, quand bien même il aurait essayé de renverser la république entière.»
Un signal fort
L'enjeu n'est autre que la défense de l'ordre démocratique, écrit Népszava :
«Si pour des raisons pratiques, la politique noyait le poisson, cela pourrait encourager de futurs imitateurs de Trump, parmi lesquels on pourrait trouver des fascistes plus doués que lui. Le but n'est pas d'envoyer Trump en prison, mais de lui réserver un sort qui dissuade de l'imiter à l'avenir. Faute de quoi la démocratie pourrait péricliter - et pas uniquement outre-atlantique.»
Les rivaux devront faire leur choix
La pression s'accroît sur les autres candidats républicains à la présidence, lit-on dans Frankfurter Allgemeine Zeitung :
«Il sera intéressant de voir quelle sera la réaction des rivaux de Trump face aux graves accusations portées contre ce dernier. Car politiquement, la grande majorité des républicains adhère largement à la 'conspiration contre les Etats-Unis' retenue par la commission, même s'ils ne sont pas nécessairement impliqués au pénal. S'ils prenaient leurs distances, ils devraient justifier leur connivence jusqu'à présent. S'ils continuaient de défendre Trump, ils risqueraient de promouvoir sa candidature.»
Les républicains se feront un plaisir de désamorcer l'affaire
L'Opinion table qu'une fois de plus, l'ex-président sortira indemne de la procédure :
«Il est prématuré d'enterrer politiquement Donald Trump qui a déjà résisté à deux procédures de destitution dont l'une faisant suite à ce fameux assaut contre le Capitole. ... Le parti républicain qui va contrôler la Chambre des représentants au début janvier se fera un plaisir d'enterrer l'affaire pour en lever d'autres contre Joe Biden. Quant à l'intéressé, il dénonce de 'fausses accusations' d'une commission 'hautement partisane' qui ne cherche qu'à 'l'empêcher de se présenter à l'élection présidentielle parce qu'ils savent que je vais gagner'. Ainsi va (mal) la démocratie américaine.»
Le triomphe de la vérité
Qu'il y ait ou non des poursuites pénales contre Trump, la commission d'enquête sur la prise d'assaut du Capitole a déjà beaucoup apporté, salut le quotidien Irish Independent :
«Des millions d'Américains ont suivi chacune des auditions. Plusieurs sondages effectués l'été dernier ont montré que plus de 60 pour cent des citoyens estimaient désormais que Trump était responsable des évènements du 6 janvier. Les élections de mi-mandat ont reflété ce sentiment. Dans tous les duels clés, les candidats soutenus par Trump et niant le résultat des présidentielles ont tous perdu. Il est évident que la commission a triomphé en se posant comme un projet de lutte contre la désinformation.»