Législatives grecques : qui gagnera la course ?
Les Grecs éliront un nouveau parlement ce dimanche 21 mai. Si l'accident ferroviaire survenu en mars a malmené le parti de droite Nea Dimokratia du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, celui-ci est néanmoins en tête dans les sondages aujourd'hui. En deuxième position, on trouve le parti de gauche SYRIZA, de l'ex-Premier ministre Alexis Tsipras.
Les écologistes restent sur leur faim
L'alliance écologiste de gauche de Prasino+Mov n'a pas été autorisée à se présenter aux élections pour vice de forme. La chroniqueuse Xenia Kounalaki déplore dans Kathimerini l'absence de formations écologiques sur les listes électorales :
«L'absence de partis écologiques aux élections de dimanche aurait été justifiée si l'environnement avait figuré au cœur des préoccupations des autres partis, rendant ainsi la présence d'un groupe mono-thématique superflue. ... Pourtant lors du débat télévisé [avec les présidents de six partis parlementaires] les journalistes et les politiques présents ont à peine abordé les questions environnementales. Celles-ci figurent certes dans les programmes des partis, mais y ont été incluses bon gré mal gré, plus par obligation que par volonté, à l'instar du féminisme et de l'inclusion, des concepts qui restent des formules creuses dans le débat public.»
La jeunesse, un électorat décisif
Les jeunes ont le pouvoir et même le devoir de faire mentir les sondages, comme l'espère le journal de gauche Efimerida ton Syntakton :
«Les 432 000 primo-votants de moins de 21 ans et les 1,4 million de jeunes de moins de 29 ans qui vivent dans une grande précarité, ont toutes les raisons de s'inquiéter. Notamment en raison de la quasi-absence de leurs préoccupations majeures dans le débat électoral. Une quasi-absence à mettre essentiellement sur le compte du gouvernement sortant. ... Les jeunes ressentent toujours une vive colère suite à l'accident ferroviaire criminel de Tempi. ... Ces nouveaux électeurs - qui n'ont pas de téléphone fixe et ne sont pas pris en compte dans les sondages réalisés à l'ancienne - pourraient bien changer la donne ce dimanche.»
Absence d'autocritique
Le portail web Imerodromos n'a que railleries pour qualifier la prestation des chefs de file des deux grands partis, Mitsotakis et Tsirpas :
«Le chef de Nea Dimokratia a évité de s'auto-évaluer et de se noter, en dépit de ses 'excellentes performances'. Il n'a pas hésité à se dire fier de son bilan. ... En même temps, il a défendu les décisions du gouvernement qui ont placé la population face à une inflation impitoyable, des coupes salariales, un système de santé publique délabré et un système d'éducation en proie à la commercialisation et à la privatisation, le tout couronné d'une démocratie qui a fait des écouteset des mouchards sa marque de fabrique. Quant au chef de SYRIZA, lui, il a 'tout oublié' comme s'il n'avait pas été le Premier ministre du troisième mémorandum.»
Mitsotakis s'affiche en gardien de la stabilité
Le site d'information progouvernemental Liberal écrit à propos du débat télévisé :
«Kyriakos Mitsotakis est apparu comme le gardien de la stabilité, son garant, s'engageant implicitement à faire des réformes plus rapides et plus audacieuses dans les domaines de l'économie, l'Etat, la justice, la santé, l'éducation et l'environnement. De par sa volonté de réaliser les promesses électorales de 2019, véritables gages de sa crédibilité, le chef de Nea Dimokratia a cherché à renforcer la conviction d'une partie importante de la population dans l'idée qu'il suit une feuille de route et qu'il mettra ses engagements en œuvre de façon modérée et compétente.»
Le risque d'un régime autoritaire façon Orbán
Le quotidien de gauche Avgi appelle à battre Mitsotakis dans les urnes mais aussi à le traduire en justice :
«L'opacité, l’omerta, l'impunité et la transformation de la République hellénique en un régime autoritaire façon Orbán se poursuivront si Nea Dimokratia obtient ne serait-ce qu'une seule voix aux législatives du 21 mai. Une transition démocratique s'impose. Le gouvernement Mitsotakis, qui cherche à contrôler les institutions indépendantes et la justice, porte le stigmate moral et politique de l'espionnage illégal et du viol de la démocratie. Le Premier ministre sortant a décidé de transformer le pays en un Etat espion. ... Ces agissements répréhensibles devront être sanctionnés par des conséquences pénales.»
SYRIZA n'a pas de programme
Protagon critique le principal parti d'opposition :
«SYRIZA a axé toute sa stratégie d'opposition sur Mitsotakis, et au final, les sondages lui donnent tort. En choisissant cette ligne, il a omis tout le reste, et notamment l'articulation sereine d'un programme politique. Tsipras lui-même a tenté (et tente encore) de jouer sur deux tableaux. D'un côté, il se présente comme un modéré qui a mûri et tiré les enseignements de ses erreurs ; de l'autre, il cherche à préserver tout ce qui rappelle l'ancien SYRIZA. Il a aussi commis une autre erreur : en cherchant à diaboliser son rival et à l'accuser de tous les maux, il a sapé sa propre crédibilité et montré les carences de son programme.»