Grèce : Mitsotakis surmonte une motion de censure
Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a surmonté vendredi une motion de censure déposée par Alexis Tsipras, chef de file du parti de gauche Syriza. Les 156 voix des députés du parti conservateur au pouvoir, Nea Dimokratia, ont suffi à lui assurer la majorité. A l'origine de cette motion, des informations selon lesquelles les renseignements grecs (EYP) - placés sous la coupe directe du chef du gouvernement - auraient mis sur écoute des politiques, des journalistes et des militaires.
L'autoritarisme se propage
Pourtant réputé proche du parti Nea Dimokratia au pouvoir, le quotidien Kathimerini critique ce résultat :
«Tout est bien qui finit bien ? Non, pas pour notre fragile démocratie. Cette affaire laisse de nombreuses questions en suspens et des plaies béantes, qui deviendront de plus en plus douloureuses avec le temps. ... Mais la blessure la plus grave, c'est le renforcement de la logique autoritaire. Jusqu'à maintenant, seule l'extrême droite jugeait légitime la violation des droits fondamentaux au nom de l'intérêt national. L'autoritarisme prend forme aujourd'hui : l'existence d'instances indépendantes est remise en cause ; le secret d'Etat est mis en avant en toutes circonstances, même pour la surveillance de ministres; des mises sur écoute préventives sont sollicitées.»
Le gouvernement doit démissionner
Le quotidien de gauche Avgi fait part de sa défiance :
«L'attitude des députés de la majorité - mais surtout celle du Premier ministre - lors des trois jours de débats préalables à la motion de censure est un aveu de culpabilité. ... La morgue 'impériale', les fake news, le cynisme du 'Nous n'avons pas de compte à vous rendre', l'accaparement de l'Etat et des institutions : autant d'éléments qui témoignent de l'approche du Premier ministre. ... Le gouvernement se trompe totalement s'il croit que la question des écoutes a pris fin vendredi. Il s'agit au contraire de l'ouverture d'un nouveau chapitre de révélations et d'interrogations. Ce qui est évident, en revanche, c'est que pour remettre le pays sur les rails de la démocratie et de la normalité institutionnelle, il faudra se débarrasser de ce gouvernement.»