La Chine peut-elle faire revenir la paix en Ukraine ?
L'émissaire chinois Li Hui était à Kyiv pendant deux jours pour sonder les possibilités d'accord de paix entre la Russie et l'Ukraine par la voie de la négociation. Les éditorialistes jaugent les perspectives de réussite de cette médiation et les motivations de la Chine.
Aucune propension à négocier en vue
Il n'y a pas matière à se montrer optimiste, écrit le journaliste Volodymyr Sidorenko sur Ukrinform :
«Il convient de rappeler une fois de plus les différences entre deux médiations, celle effectuée entre l'Iran et l'Arabie saoudite et celle concernant la guerre russo-ukrainienne. ... Des experts disent que Téhéran et Riyad avaient déjà trouvé depuis longtemps un terrain d'entente pour mettre fin à leurs animosités, et recherchaient une occasion de passer à l'étape suivante. La Chine n'a fait qu'entériner sur le papier une volonté affichée de part et d'autre. Dans le cas de l'agression russe, c'est tout l'inverse. Absolument rien n'indique la propension à négocier. Kyiv refuse catégoriquement toute discussion avec Moscou tant que Poutine sera aux commandes.»
Tout est bon à prendre pour la Chine
La Chine ne veut pas se voir réduite au rôle d'allié de Poutine, croit savoir Polityka :
«L'objectif est de se débarrasser de cette étiquette de complice du président russe, Vladimir Poutine, dirigeant d'un Etat agresseur, et de participer activement, en tant que médiateur potentiel, au processus de résolution du conflit. Si l'on ne contrarie pas l'Ukraine, on pourrait prendre une position intéressante dans la reconstruction des infrastructures sur les rives du Dniepr, et décrocher des contrats lucratifs pour les entreprises chinoises. Et on ne veut pas laisser passer l'occasion d'affaiblir encore l'Occident. Lui voler la vedette dans les discussions sur la résolution d'une des guerres les plus importantes de ces dernières décennies est une occasion rêvée de le faire.»