Suède : malaise autour de la loi antiterroriste
Une nouvelle loi antiterroriste entre en vigueur aujourd'hui en Suède. Le soutien, la création et le financement de groupes terroristes est désormais passible de peines. Au niveau européen, le PKK relève de cette catégorie. Stockholm espère ainsi venir à bout du blocage d'Ankara à son adhésion à l'OTAN. Rien n'est moins sûr, écrivent les éditorialistes.
Un revers pour les libertés civiques
Aftonbladet est critique envers la nouvelle loi :
«Elle pose un problème d'éthique quand on pense que des personnes qui ont soigné des blessés de guerre ou fait la cuisine pour nourrir autrui se voient subitement taxées de terrorisme. Autre problème : les avis divergent quant à la classification de telle ou telle organisation comme groupe terroriste ou organisation de libération. Les critères internationaux ne sont pas des plus limpides. ... Stockholm conçoit cette loi comme un geste de bonne volonté vis-à-vis de la Turquie, mais il faudra voir si le despote capricieux d'Ankara se laissera amadouer. ... Il ne faut pas oublier que rejoindre cette alliance militaire a son prix. L'Etat renforce lentement son pouvoir, aux dépens des citoyens.»
Espérons que l'état de droit primera
Süddeutsche Zeitung fait part de son inquiétude :
«La communauté kurde de Suède et les opposants turcs ayant fui Erdoğan ont aujourd'hui la peur au ventre. Jusqu'ici, la Suède a respecté l'Etat de droit scrupuleusement. Hors de question d'extrader des personnes ayant un permis de séjour, le droit d'asile ou la nationalité suédoise. Il ne reste qu'à espérer que dans ce bras de fer pour entrer dans l'OTAN, dans lequel est engagé le gouvernement conservateur d'Ulf Kristersson, les exigences du despote turc ne pèseront pas plus lourd que les principes de l'Etat de droit.»