Twitter devient X
Elon Musk cherche à développer son projet d'"application unique pour tout". Jugeant que le nom Twitter ne convenait plus, il a décidé de renommer "X" la plate-forme de microblogage. En guise de modèle il a évoqué la "super app" chinoise WeChat, qui regroupe la quasi-totalité des fonctionnalités numériques. Un projet que les éditorialistes accueillent globalement avec scepticisme.
Elon Musk poursuit son travail de sape
Le milliardaire est en train de creuser la tombe de la plate-forme, déplore Der Standard :
«Elon Musk est l'incarnation même du mot d'ordre de la Silicon Valley 'Move fast and break things' [avancer vite et casser des choses]. Ceci dit, il prend au pied de la lettre la seconde partie de la formule. ... Twitter a été jadis le réseau social le plus pertinent au plan politique ; le verbe 'tweeter' a fait son apparition en 2009 dans [le dictionnaire allemand] Duden, et en 2013 dans l'Oxford Dictionary. La marque Twitter s'est faite une place dans le lexique culturel. Et voilà que Musk, dans une action qui aura duré moins de 24 heures, l'a complètement détruite. ... Le verbe 'xer', qui désignerait la rédaction de posts sur la plateforme, n'est pas près d'entrer dans un dictionnaire. Et Elon Musk n'en a cure : ce qui lui importe, c'est d'avoir 'cassé' quelque chose.»
Le prochain hashtag viendra de l'extrême droite
Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la mission politique que s'est fixé Elon Musk, estime le chroniqueur Sascha Lobo dans Der Spiegel :
«Elon Musk désire concrétiser sa marotte politique - la lutte contre le mouvement Woke - et détruire l'instrument qui a permis à ce mouvement de se développer. ... Et s'il faut pour cela donner une tribune et des sources de revenus à des personnages de droite, d'extrême droite et à des misogynes, eh bien c'est loin de sembler le déranger : cela correspond même à son propre agenda politique. ... On discerne déjà les dommages au plan sociétal : le prochain mouvement axé sur un mot-dièse, avec une portée potentiellement équivalente à BlackLivesMatter ou MeToo, aura une envergure limitée - ou bien sera porté par un mouvement réactionnaire.»
La fortune sourit aux audacieux
Elon Musk prend un risque considérable qui pourrait néanmoins en valoir la peine, estime The Independent :
«Les cadres de Meta - qui a récemment lancé la plate-forme concurrente Threads - doivent se frotter les mains. Dans le monde des entreprises, il n'y a rien de plus dangereux que de changer complètement un nom de marque. ... Elon Musk fait un pari considérable, mais cela a toujours été sa manière d'agir. Il est réputé ne jamais faire de 'business plan' en bonne et due forme. Les cours et les manuels d'école de commerce déconseilleraient une telle initiative, mais, une fois encore, il ne s'est pas retrouvé là où il est aujourd'hui en suivant les méthodes habituelles.»
Cela n'inversera pas la tendance négative
Les problèmes rencontrés par Twitter témoignent d'une crise plus vaste des réseaux sociaux, assure Irish Examiner :
«La dernière initiative de Musk paraît quelque peu désespérée, alors que l'entreprise semble privilégier un fonctionnement austère et rigoureux et délaisser cette convivialité qui la caractérisait. Mais cette décision reflète une tendance plus globale affectant les réseaux sociaux, et la soudaine stagnation des nombreuses plates-formes est symptomatique. Le fait que les gens se consacrent de plus en plus à des problématiques 'réelles' comme le dérèglement climatique contribue également à cette perte de vitesse. Un déclin a priori inexorable, que cette tentative de rebranding devrait avoir du mal à enrayer.»